À lire dans l'ordre articles n°1 à 14.
La tri-articulation de l'organisme social conduira à des relations internationales tri-articulées. Chacun des trois domaines aura sa relation indépendante avec le domaine correspondant des autres organismes sociaux.
Ainsi, entre plusieurs pays, des relations économiques s'établiront, sans que les relations politiques y exercent une influence immédiate et réciproquement.
Les frontières territoriales apparaîtront sans importance pour la vie en commun des hommes. Une vie culturelle autonome doit pouvoir se développer au-delà des frontières politiques.
Un de ces domaines de la vie culturelle est représenté par la langue propre à un peuple et par tout ce qui se manifeste en relation avec la langue. Les hommes d'un territoire linguistique n'entreront pas dans des conflits anormaux avec ceux d'un autre territoire lorsque, pour faire valoir leur culture, ils ne se servent pas de l'organisation de l'État ou de la puissance économique.
L'humanité n'atteindra son plein épanouissement que lorsque les communautés de peuples (ethniques, linguistiques) réaliseront la tri-articulation interne de leurs propres organismes sociaux de telle manière que chacune des parties puisse développer avec d'autres organismes ses relations indépendantes. Entre peuples (sphère culturelle), nations (sphère juridique) et corps économiques se créent des relations de formes multiples qui relient chaque partie de l'humanité à d'autres parties, de telle manière que chacune tienne compte de la vie des autres, dans ses propres intérêts.
Tout ceci n'empêche pas qu'un organisme social tri-articulé puisse entrer en relations internationales avec d'autres pays même si la tri-articulation n'y est pas déjà appliquée.
Tri-articulation et économie mondiale
Actuellement, les pays se font face non seulement en tant qu'unités culturelles et politico-juridiques, mais aussi en tant que représentants des intérêts économiques particuliers à leur territoire. Ces économies nationales, basées sur une confusion entre l'État et l'économie, contrarient la tendance unitaire de l'économie mondiale libérée de toute restriction territoriale.
La tri-articulation oriente la gestion économique selon des critères économiques et reconnaît aussi que les hommes ont des besoins culturels et juridiques devant être administrés de façon indépendante. De cette manière, les rapports culturels et juridiques internationaux se détachent de l'économie mondiale qui évolue selon ses lois propres. Sans cela, il est impossible d'élargir les économies nationales en une économie mondiale.
Dans une organisation économique à l'échelle mondiale, le libre-échange offrira la meilleure garantie pour l'établissement de prix justes dans les diverses régions de la terre. Cependant, cette économie mondiale évoluera dans les limites imposées par les rapports juridiques internationaux établis par les différentes sphères juridiques autonomes appartenant aux organismes sociaux tri-articulés impliqués dans ces échanges économiques internationaux.
Les préjudices éventuels issus des relations commerciales avec des « États unitaires » (ne pratiquant pas la tri-articulation) peuvent être compensés par certain dispositifs d'ordre protectionniste.
Le commerce international ne devra par exemple pas provoquer la ruine de certaines branches de la production nécessaires à l'intérieur d'un pays par l'offre à bon marché d'une marchandise analogue provenant de l'étranger. Des droits de douanes seront perçus dont le montant, géré par des associations affiliées au circuit économique, alimentera des oeuvres sociales.
De plus, tout entreprise étrangère qui voudrait travailler au détriment de son pays d'implantation en serait empêchée par les associations desquelles elle fait partie et dont elle ne pourrait s'exclure sans paralyser son propre fonctionnement.