À lire dans l'ordre articles n°1 à 14.
L'objectif de l'économie se limite à régler la production, la circulation et la consommation des biens et services de la manière la plus avantageuse possible pour toutes les parties.
L'homme y satisfait ses besoins et y exerce son activité. Chacun y a ses intérêts particuliers. L'un sert les intérêts de l'autre.
La nature d'une économie moderne et fraternelle
Les ensembles économiques se sont élargis au cours de l'évolution de l'humanité. De l'économie familiale fermée, nous sommes arrivés, en passant par l'économie urbaine et nationale, à une économie mondiale. Ces économies nationales sont issues de forces politiques provenant d'un État qui veut réglementer, organiser de l'extérieur la vie économique. Actuellement, nous pouvons constater une certaine confusion entre l'économie et l'État.
Or, la vie économique aspire à s'édifier elle-même sur ses propres forces. Cette autogestion peut se faire via l'activité complémentaire d'associations formés librement par secteur d'activité économique (par exemple : production agricole et alimentation, mobilité et déplacements, logement, habillement, etc.) et qui grouperont des cercles de consommateurs, de commerçants et de producteurs à partir d'un niveau local (leur dimension se réglera d'elle-même selon les circonstances de la vie).
Ce ne sont pas les lois abstraites du marché basées sur une maximisation des profits qui règleront la production, la circulation et la consommation des biens, mais les êtres humains au sein de ces associations, par leur compréhension directe des besoins de chaque membre. Dans une association, une bonne harmonie peut régner entre les intérêts des participants grâce à la compétence et l'expérience professionnelle ainsi qu'à la confrontation des jugements de chacun.
Avec l'apparition de la division du travail, les besoins de chacun(e) sont totalement couverts par la collectivité. En échange, chacun(e) travaille pour satisfaire les besoins des autres. Le processus économique devient de ce fait de plus en plus altruiste, objectivement (mais pas au niveau du vécu subjectif, c'est-à-dire au niveau des représentations que chacun se fait du processus économique : la plupart des êtres humains continuent actuellement de croire qu'ils travaillent pour eux-mêmes, ce qui n'est objectivement pas le cas).
Cependant, la complexification de l'économie et la division du travail font perdre la conscience du processus d'ensemble de l'économie dont plus personne n'a une vision claire. L'usage de modèles mathématiques abstraits et alambiqués pour appréhender les processus économiques, ne fait qu'éloigner le regard des processus réels et brouiller leur compréhension.
Il s'agit donc de reprendre en main l'économie sur base d'une conscience claire d'ensemble: le mécanisme de l'offre et de la demande sera remplacé par la libre expression et l'observation rationnelle des besoins ainsi que par des engagements contractuels entre partenaires, au sein des associations économiques, qui deviendront le véritable centre de gravité, humain, de l'économie.
La « main invisible » du marché supposée apporter le bonheur du plus grand nombre fera place à ces « organes de perception et de décision » objectifs se trouvant le plus près possible des processus économiques, que constituent les associations économiques. Elles peuvent aussi faire naître un sens plus aigu des responsabilités dans l'économie par le fait qu'elles sont capables d'informer les individus, membres des associations, sur les conséquences que leur manière d'agir entraîne pour la collectivité.
Les décisions prises au sein des associations seront d'autant plus au service de l'intérêt général qu'auront été formés des jugements en groupe afin de satisfaire les besoins de chacun.
Les missions des associations économiques sont principalement les suivantes :
• prendre connaissance des besoins économiques des partenaires associés : les besoins des consommateurs et ceux des entrepreneurs;
• déterminer si l'élaboration de tel ou tel produit ou service répond ou non à un besoin qui est exprimé;
• planifier la production sur base d'une identification des besoins, décider de l'augmenter ou de la diminuer en fonction de ceux-ci;
• choisir la meilleure méthode de leur distribution;
• prendre conscience du prix des biens et services qui doit être pratiqué pour qu'il soit possible de répondre mutuellement aux besoins de tous (producteurs, distributeurs et consommateurs);
• freiner une accumulation trop importante de capitaux dans un secteur particulier de l'économie ou au contraire stimuler une capitalisation trop faible;
• orienter l'activité des établissements financiers de telle façon à répartir les crédits aux personnes disposant des facultés nécessaires pour les utiliser au mieux dans l'intérêt de la collectivité;
• répartir la main d'oeuvre entre les secteurs en fonction des besoins;
• négocier et ensuite conclure des contrats* entre producteurs, distributeurs et consommateurs, concrétisant leurs engagements réciproques sur base de la conscience et des décisions mentionnées ci-dessus. Du fait que les intérêts devront se compenser au moyens de contrats, les biens circuleront selon la valeur qui leur correspond et non pas selon les prix incontrôlables du marché
Dans ces associations ne siègeront pas des « salariés » (représentés par des syndicats formés selon des points de vue politiques et non économiques) qui useront de leur puissance pour exiger, de l'entrepreneur des salaires aussi hauts que possible, mais des « travailleurs » qui agiront de concert avec les directeurs de la production et les représentants des consommateurs, pour établir, en réglementant les prix, une production correspondant à sa contrepartie.
Une administration centrale de l'économie
L'ensemble du corps économique sera constitué par l'activité complémentaire d'associations formées d'hommes ayant les mêmes intérêts professionnels, ou les mêmes intérêts de consommation qui, par des échanges réciproques, mettront sur pied l'ensemble de l'économie.
Ces associations professionnelles convergent au sommet en une administration centrale de l'économie qui possède ses propres organes de décision et d'organisation.
Les tableaux ci-dessous permettent d'entrevoir en quoi l'économie associative se distingue de l'économie de marché et de l'économie planifiée, et forme, au sein d'un organisme social "tri-articulé", la base d'un nouveau paradigme économique :
Un tableau comparatif entre trois types de paradigmes économiques.
A comparison between three different economic paradigms.
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Économie de Marché Market economy |
Économie associative Associative economy |
Économie planifiée Planned economy |
Centre de gravité de l’économie Center of the economy |
Le Marché (« main invisible ») The market |
Libres associations économiques Free economic associations |
État central planificateur Central government planner |
Critère de mise en production ou distribution d’une marchandise Central criterium |
Selon le profit réalisé sur le produit Profit |
Libre expression et observation rationnelle des besoins humains. Compréhension sociale Free expression of needs. Social understanding |
Selon le plan centralisé Centralized plan |
Organisation de la relation entre production et consommation Relationship between production and consumption |
Mécanisme de l’offre et de la demande Supply and demand mechanism |
Concertation. Recherche et fixation du vrai prix des marchandises. Négociations à caractère contractuel Consultation and negotiation => contracts |
Gestion centralisée et bureaucratique (gestion « mécanique » par l’État central) Bureaucratic and centralized management |
Spécificités de l'allocation des moyens de production, des capitaux, de la terre… dans une économie associative fondée sur une tri-articulation consciente de l'organisme social
Specific allocation mode for means of production, capital, land… in an associative economy drived by a conscious social threefolding
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Économie de Marché Market economy |
Économie associative Associative economy |
Économie planifiée Planned economy |
Disposition du capital et des moyens de production Disposal of capital and means of production |
Propriété privée Private property |
Libre usage ("propriété privée") aussi longtemps que le producteur est en mesure d'y consacrer ses capacités individuelles dans l'intérêt collectif. Free disposal ("private property") as long as the producer is able to devote his individual capacities to the collective interest. |
Propriété collective Collective property |
Mode d'allocation de la propriété du capital, des biens fonciers, de la terre, des moyens de production… Allocation mode for capital, land, production means |
Par achat (acquisition). Les moyens de production, la terre et le capital sont des marchandises. By purchase (acquisition). The means of production, land and capital are commodities. |
Par transfert sur une base purement juridique (pas par achat) selon la législation établie par l'État (celle-ci n'existe pas telle quelle actuellement!), sur base des capacités individuelles des futurs propriétaires, estimées par le précédent propriéaire ou par une institution de la vie culturelle indépendante de l'État. Transfert on a purely legal basis (not per purchase) according to the laws (currently does not exist), and based on individual skills of the future owners, estimated by the previous owner or by a cultural institution, independant from the State. |
Pas d'allocation à des propriétaires privés. Les biens fonciers, le capital, etc. sont gérés par des fonctionnaires ou des représentants de l'État. No private property. Management of land, capital, means of production… is carried out by officials or representatives of the State. |
Pour en savoir davantage sur les associations économiques et l'économie associative, leur structure, leur fonction, des exemples concrets, etc. consultez l'article suivant : L'économie associative - Un aperçu.