Articles/Actualité
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- Écrit par : Rudolf Steiner
- Catégorie : Triarticulation sociale (général)
Rudolf Steiner a posé en 1919 les bases conceptuelles de la triarticulation sociale, dans son oeuvre principale relative à la question sociale, Kernpunkte der sozialen Frage (Aspects fondamentaux de la question sociale - 1919).
La table des matières de l'ouvrage est la suivante :
- Préface et introduction
- Remarques préliminaires sur l'intention de cet ouvrage
- Chapitre 1. Le véritable aspect de la question sociale, telle qu'elle se pose dans la vie de l'humanité moderne
- Chapitre 2. A propos des questions et nécessités sociales, recherche des solutions exigées par la vie et conformes à la réalité
- Chapitre 3. Le capitalisme et les idées sociales
- Chapitre 4. Relations internationales des organismes sociaux
Nous ne reproduisons sur le présent site Internet (ci-dessous) que les chapitres 2, 3 et 4 de cet ouvrage. Ils ont été traduits de l'allemand en langue française par un groupe d'étude. Cette traduction française a ensuite été révisée par Sylvain Coiplet en 1999-2001.
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- Écrit par : Wikipedia français 07/2019
- Catégorie : Triarticulation sociale (général)
Note de l'éditeur : L'article ci-dessous est partiellement copié-collé de l’article de Wikipédia en français intitulé "Tripartition sociale" à la date du 31/07/2019, lequel est lui-même partiellement issu de l'article en allemand intitulé « Soziale Dreigliederung ». Nous copions-collons ici cet extrait d'article de Wikipedia car:
- Il communique une image d'ensemble résumée assez fidèle de la tripartition de l'organisme social (ou tripartition sociale, triarticulation sociale, de l'allemand Dreigliederung des sozialen Organismus ou soziale Dreigliederung) qui est un concept d'organisation de la société développé par Rudolf Steiner (1861-1925) entre 1917 et 1922;
- Les communications de trolls, mensonges et calomnies de toutes sortes se développent de manière exponentielle sur Internet, y compris wikipedia, et il y a lieu de garder une trace de cette image relativement fidèle avant qu'elle ne soit déformée par divers activistes du mensonge... ce qui peut survenir à tout moment ;-)
Stéphane Lejoly

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- Écrit par : Olivier Prost
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L’écrit suivant est inspiré par la vision de Rudolf Steiner, qui a élaboré il y a un siècle une triarticulation de l’organisme social. Celle-ci vise à incarner les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, ayant émergé lors de la Révolution française de 1789.
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- Écrit par : Michel Laloux
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(...) « vous pouvez vous apercevoir qu’existe non seulement en France, mais dans d’autres pays aussi, une aspiration extrêmement grande pour que la société civile, prise dans son ensemble, s’empare des questions qui la concernent, et que ces questions ne soient pas seulement réglées de manière extérieure. » (...)
(...) « Nous allons vers une transformation, il y a tellement de choses qui germent un peu partout dans le champ social ; inévitablement à un moment, des changements vont prendre racine » (…)
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- Écrit par : Frans Carlgren
- Catégorie : Triarticulation sociale (général)
Cet article est paru initialement en langue française dans la Revue Tournant
Du réalisme sociologique de Rudolf Steiner
Sur le plan des concepts, l'impulsion de la triarticulation sociale n'a pu pour l'instant s'affirmer nulle part (exception faite des cercles anthroposophiques). Mais, paradoxalement dans le domaine des réalités elle est active. Rudolf Steiner a insisté là-dessus en toute netteté.
Dans un discours du 21 avril 1919 à Stuttgart, destiné à inaugurer l'action publique en faveur de la triarticulation, il dit :
"L'évolution de l'humanité a déjà véritablement réalisé dans les faits, lesquels échappent au regard des gens, une grande part de cette triarticulation sociale; simplement, les hommes ne s'adaptent pas à ce qui devient réalité."
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- Écrit par : Bonnamour Bernard
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L’Économique, le Juridique, le Spirituel
Pour un organisme social tri-articulé
Une série de Bernard Bonnamour
99 ans après la naissance de la Tri-articulation sociale (Dreigliederung), sort le premier film exhaustif consacré aux idées sociales de Rudolf Steiner. Aujourd’hui, saurons-nous enfin tirer partie de ce qui constitue, pour l’humanité en péril, une authentique “troisième voie” ?

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- Écrit par : Rudolf Steiner
- Catégorie : Triarticulation sociale (général)
Du 7 au 13 mars 1919 se tint à Berne le Congrès de la Société des Nations auquel Rudolf Steiner était invité. À cette occasion, c’est-à-dire en marge du déroulement officiel, il donna le 11 mars dans la grande salle du conseil à l’hôtel de ville de Berne une conférence[i] sur les aspects fondamentaux d’une société des nations, au cours duquel des notables furent aussi invités.
Nous publions ici un extrait de cette conférence au cours de laquelle Rudolf Steiner montre que la triarticulation de l’organisme social n’est pas une vue de l’esprit ou une théorie, mais qu’elle constitue un fait. « Et une seule question peut se poser : comment peut-on agencer cette triarticulation de manière adéquate afin qu'il n'en sorte pas un organisme social malade mais en bonne santé ? »
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- Écrit par : Martin Bernard
- Catégorie : Triarticulation sociale (général)
Un article du journaliste indépendant Martin Bernard, publié sur son site
En France, les élections départementales viennent de se terminer. Que reflètent-elles de l’état de vitalité de la politique française ? La structure profonde du système politique actuel est-elle capable de répondre aux défis urgents auxquels le pays est confronté ? Esquisse sur la nécessaire implantation d’un modèle triarticulé de la société.
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- Écrit par : Martin Bernard
- Catégorie : Triarticulation sociale (général)
Dans les mois qui suivirent la fin de la Première Guerre mondiale, Rudolf Steiner entreprit de faire connaître en Allemagne les principes d’une tri-articulation de l’organisme social. Fait intéressant, des similitudes existent entre les conceptions du philosophe autrichien et celles de plusieurs grands penseurs de l’anarchisme. Cent ans après son émergence publique, la tri-articulation sociale reste plus que jamais d’actualité. Sa réalisation pratique permettrait à l’Europe de faire face de façon créative aux enjeux sociaux qui se posent avec de plus en plus d’acuité.
{Note de l'éditeur du site : outre la mise en relief de liens (similitudes ou divergences) existant entre tri-articulation de l'organisme social et diverses conceptions de l'anarchisme, cet article met aussi en évidence des éléments de contexte sociaux et historiques concomitants à l'émergence de la tri-articulation}.
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- Écrit par : Tri-articulation sociale
- Catégorie : Triarticulation sociale (général)
1
Reconnaître l'existence de ces trois domaines : vie économique, vie juridique et vie culturelle, cette reconnaissance devant être particulièrement accentuée pour la vie culturelle qui est aujourd’hui asservie par l’économie et le droit. Concrétiser cette reconnaissance par la mise en place d’une autogestion dans chacun de ces domaines.
2
Assurer l'autogestion de la vie économique via laAssurer l'autogestion de la vie économique via la formation de groupements composés de consommateurs, producteurs et distributeurs. Ceux-ci ont pour objectif de fixer les prix, de régler la production, la circulation et la consommation de biens et services. Cela se fait de la manière la plus avantageuse possible pour l'ensemble des parties, sur base de la compréhension directe des besoins de chacun.
De tels groupements, aussi appelés aussi «associations économiques», sont des organes de perception de la vie économique, permettant notamment la prise de conscience que chacun travaille pour les autres et que personne ne travaille pour lui même.
3
Créer une sphère juridique autonome réglementant les rapports juridiques, le Droit. La vie juridique concerne ce qui touche les hommes de la même manière, ce qui fait de l'homme l'égal de tous les autres indépendamment de ses facultés individuelles ou de sa situation économique. Elle repose sur une organisation politique-juridique réellement démocratique. La vie économique compte sur ces rapports juridiques élaborés démocratiquement comme des conditions préalables à toute activité économique.
4
Assurer la liberté et l'autogestion de la vie culturelle (activité scientifique, artistique, religieuse, l'éducation, ...), source intarissable d'impulsions sociales de l'individu agissant dans la vie sociale, y compris dans ses domaines économiques et juridiques. Donner à l'organisation politique-juridique et à l'économie des formes s'harmonisant avec les exigences d'une sphère culturelle libre.
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- Écrit par : Tri-articulation sociale
- Catégorie : Éducation - Enseignement
Dans ces vidéos, des concepts qui montrent pourquoi l'autonomisation de l'éducation et de la culture sont incoutournables, ainsi que des pistes en vue de progresser dans cette direction.
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- Écrit par : Olivier Prost
- Catégorie : Éducation - Enseignement
Les talents des hommes et des femmes
Pour tenter de répondre à cette question, observons tout d'abord la société.
On y découvre des hommes et des femmes qui disposent de talents variés, c’est-à-dire d’une combinaison de connaissances, d’attitudes et d’aptitudes. Chaque personne est dotée d’un ensemble de compétences qui permet de la différencier d’une autre personne.
Cheminement vers la liberté
Lorsqu’un individu tend à s’émanciper de son hérédité, de son éducation, de son environnement et qu’il pense par lui-même, il commence à suivre son propre chemin. Cette émancipation l’individualise encore plus et le mène à exercer sa liberté, c’est-à-dire à agir en connaissance de cause, autant qu’il peut comprendre et inscrire ses actes dans le monde. Plus forte sera sa pensée et son aptitude à réaliser ses idées, plus cet homme sera libre et plus il pourra apporter quelque chose de nouveau dans la société.

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- Écrit par : Olivier Prost
- Catégorie : Éducation - Enseignement
L'éducation, longtemps gérée par l'Eglise catholique et l'Etat, se développe de plus en plus sous de nouvelles formes, qu'on appelle pédagogies alternatives. Celles-ci ne s'appuient ni sur l'Etat, ni sur l'Eglise catholique. En ce sens, l'évolution de l'éducation montre une tendance à une réelle autogestion.
Pour atteindre cette autonomie, l'éducation sera amenée à se séparer progressivement d'éléments qui ne lui sont pas propres :
- l'état (afin que des idéologies politiques ne dirigent pas la pédagogie)
- les religions (afin que les dogmes religieux n'influencent pas la pédagogie)
- le productivisme (afin que la productivité ne soit pas mélangée à la pédagogie)
- le technologisme (afin que la technologie ne se substitue pas progressivement à la pédagogie)

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- Écrit par : Olivier Prost
- Catégorie : Éducation - Enseignement
CONSTAT
PERCEPTION DU SYSTEME SCOLAIRE PAR LES FRANCAIS
Dans un sondage exclusif réalisé par l’Ifop pour la fondation pour l’école en avril 2018, les Français révèlent une vision très pessimiste de la question de l’égalité des chances dans notre système scolaire actuel.
Source : http://www.ifop.com/media/poll/4040-1-study_file.pdf
A titre d’exemple, 65% des français interrogés et 62% des parents d’enfants scolarisés- considèrent que le système scolaire actuel n’assure pas l’égalité des chances.
Quand on aborde la question des enfants qui ne sont pas aidés chez eux pour les devoirs, 94% des sondés ne considèrent pas que l’école publique offre le meilleur cadre de réussite aux enfants qui ne peuvent pas être aidés chez eux.
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- Catégorie : Éducation - Enseignement
Le fait que l'instruction publique incombe à l'État après que celle-ci l'ai retirée aux communautés religieuses est aujourd'hui si bien enraciné dans la conscience des hommes qu'il est difficile de la remettre en question sans se faire traiter de théoricien dépourvu de sens de la réalité. Or, le temps est venu où toute la vie culturelle doit pouvoir se libérer totalement du contrôle de l'État et avoir les possibilités de s'autogérer.
L'action féconde de l'école et de l'éducation ne saurait se développer qu'au sein d'une vie culturelle libre autogérée. De cette manière, les personnes chargées de l'instruction publique seront libérées des contraintes imposées par un programme pédagogique officiel de l'État en vue de former des citoyens répondant à ses besoins.
La matière de l'enseignement et le but de l'éducation doivent être exclusivement fondés sur la connaissance intime de l'être humain en formation, la reconnaissance et le libre développement de ses aptitudes, le développement du sens social. Au lieu d'appliquer un programme (les êtres humains ne sont pas des robots !), l'activité pédagogique s'inspirera de l'observation directe de la vie.
On pourra ainsi intégrer dans l'organisation culturelle des spécialistes du secteur économique ou juridique disposant d'une expérience pratique de longue date. Les responsables de la vie culturelle pourront faire des stages périodiques qui leur permettront de garder un contact fructueux avec la réalité pratique. Des échanges permanents entre la vie culturelle et les autres domaines de l'organisation sociale pourront être établis.
Ce libre développement des facultés ne peut se faire que grâce à la liberté dont les éducateurs jouissent eux-mêmes. En effet, la reconnaissance, l'épanouissement des facultés individuelles et leur formation pratique dans un certain domaine dépendent de l'expérience, des qualités personnelles de l'enseignant dans ce domaine et non de critères étrangers. Des hommes sensibles à la réalité sociale ne peuvent être formés qu'au moyen d'une éducation dirigée et gérée par ceux qui ont déjà, eux-mêmes, ce sens social. Or, il est antisocial de faire éduquer et instruire la jeunesse par des gens qui deviennent étranger à la vie et dénués de sens pratique parce qu'ils se voient prescrire, de l'extérieur, le sens et le contenu de leur activité.
Ni l'État, ni la vie économique ne sont habilités à déterminer les qualités requises pour une fonction donnée et de demander à l'organe culturel de développer les connaissances et aptitudes en vue de satisfaire leurs besoins. Au contraire, l'État et l'économie seront contraints à s'adapter aux progrès réalisés dans le domaine de la vie culturelle et à adopter des formes qui puissent s'harmoniser avec les exigences de la nature humaine. De cette manière, l'ordre social pourra s'enrichir des impulsions toujours nouvelles qu'apportent les générations montantes.
Au lieu de subir l'effet paralysant des contraintes provenant des impératifs d'ordre politique et économique, une vie culturelle autonome englobant l'école et l'éducation formera des individus pleins d'énergie et d'enthousiasme au service de la société.
Enfin, l'administration scolaire, l'instauration des cours, les objectifs d'études ne reviendra qu'aux personnes prenant une part active dans l'enseignement ou exerçant une activité créatrice dans un autre domaine de la vie culturelle. Ainsi, ce dont on aura fait l'expérience directement dans la pratique de l'enseignement ou dans tout autre activité intellectuelle et créatrice se répercutera au niveau de l'administration et de la gestion en terme de forces vives.
Chacune de ces personnes partagerait son temps entre l'enseignement ou le travail intellectuel d'une part, et l'administration de l'instruction publique d'autre part.
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- Écrit par : Daniel Zink
- Catégorie : Politique et géopolitique
Toujours pour tenter de voir plus clair dans les rapports entre l’Ukraine et la Russie notamment, nous allons cette fois nous pencher sur l’histoire de l’ex-URSS en général, principalement sur la période de la révolution russe, puis sur celles de Lénine et Staline.
Comme annoncé, nous allons aussi aborder à nouveau la question de la fiabilité des sources, de la véracité des données historiques.
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- Écrit par : Daniel Zink
- Catégorie : Politique et géopolitique
Prairie et brume en Ukraine. (Source : Wikimedia.)
Les chercheurs et médias alternatifs réalisent, à l’égard des discours dominants, un important travail critique et complémentaire, notamment par rapport à la guerre en Ukraine. Mais parviennent-ils à des approches vraiment globales ? Et échappent-ils à toute propagande ? Des découvertes récentes m’ont mené à la conviction que des faits essentiels semblent échapper à la plupart d’entre eux, y compris aux meilleurs. (Cette critique s’applique aussi aux deux derniers textes publiés, sur ce site, par l’auteur de ces lignes[1]).
L’approche qui suit (et plusieurs qui lui succéderont) veut contribuer à compenser ces manques. Dans ce sens, nous serons tout spécialement attentifs à la question des sources et de leur fiabilité.
Tout en introduisant d’abord les différentes approches concernées, cet article présente aussi, dans un deuxième temps, un coup d’œil global sur une dimension importante de la situation dont il s’agit : l’historique des relations entre les deux principales communautés linguistiques d’Ukraine. Ou du moins, une part de cet historique, qui complète les approches des deux derniers articles.
La dimension communautaire est bien sûr totalement intriquée avec les facteurs politiques, économiques et sociaux, qui jouent naturellement des rôles essentiels. Mais comme nous allons le voir, la dimension en question ne peut être laissée de côté.
Remarques introductives et essentielles
Les réflexions développées ici ne découlent pas du tout du préjugé que, dans tout conflit, forcément, les divers camps concernés auraient chacun une part de responsabilité à peu près équivalente. On rencontre souvent cette idée stéréotypée qui, bien qu’elle se vérifie très régulièrement, peut bien sûr ne pas du tout s’appliquer, dans un cas donné.
Par ailleurs, celui qui écrit ces lignes a longtemps été (et reste en partie) un avocat passionné de ceux qui résistent à l’impérialisme occidental. Et il reste également convaincu des responsabilités extrêmement lourdes de cet impérialisme, dans le conflit concerné comme dans tant d’autres.
Notons aussi que même si cet article s’adresse notamment aux habitués des médias alternatifs défendant le côté russe et russophone, il peut aussi être tout à fait intéressant pour les habitués des médias classiques ; en effet, il peut leur montrer que les critiques de l’impérialisme occidental ne sont pas forcément totalement partiaux, et qu’il pourrait être intéressant de les écouter également.
Cages de fer invisibles
Pour une très grande part d’entre nous au moins, dépasser les unilatéralités est beaucoup plus difficile qu’on pourrait se l’imaginer. Comme évoqué, ces unilatéralités se retrouvent chez les meilleurs analystes des domaines concernés. Par exemple, par rapport à l’Ouest, Noam Chomsky ou Daniele Ganser, et, par rapport à l’Est, Nicolas Werth ou, dans une certaine mesure, Masha Gessen. Chacun de ces chercheurs se centre sur les critiques d’une des puissances ou d’un des ensembles de puissances concernés. Certains, comme Ganser, disent qu’il va de soi que « l’autre côté » est très problématique lui aussi ; mais, le plus souvent, ils le font sans développer davantage, de sorte que de telles déclarations n’ont pas vraiment de poids[2].
Ces faiblesses ont le plus souvent cette conséquence : les approches contredisant ou complétant celles qui correspondent à nos inclinaisons nous paraissent très unilatérales ; et ainsi, nous nous limitons le plus souvent aux sources qui rejoignent à peu près nos propres points de vue. De ce fait, une très grande partie des gens ignore une part essentielle des choses ; ce qui induit notamment une polarisation et, bien souvent, une impossibilité ou presque de débattre.
Une des causes de ce phénomène est sans doute la tendance de beaucoup d’entre nous à avoir une sympathie pour ceux qui s’opposent à ce qui nous révolte le plus, à espérer que cette opposition puisse être une certaine alternative, une force qui mérite le soutien.
Quoiqu’il en soit, si l’on parvient à surmonter les influences ou les obstacles concernés, c’est tout un monde nouveau, toute une constellation de données nouvelles qui peut alors s’ouvrir à nous. Concernant l’Ukraine et les données manquant dans de nombreux médias alternatifs, cette façon de présenter les choses peut sans doute être risible, pour ceux qui connaissent depuis longtemps les données concernées. En effet, ces données sont décrites en long et en large, dans des analyses actuelles comme anciennes, accessibles partout. Cependant, parmi ceux qui réagiraient ainsi, beaucoup devraient se demander s’ils ne sont pas, justement, dans la situation où était auparavant celui qui vient de faire ces découvertes ; mais dans leur cas, par rapport aux données opposées ou complémentaires, donc celles qui font apparaître les énormes responsabilités occidentales, dans les événements en Ukraine. Ces données-là, elles aussi, sont accessibles un peu partout, pour peu qu’on soit attentifs aux médias ou chercheurs alternatifs surtout. Mais beaucoup vivent sans rien en savoir ou presque.
Il y a sans aucun doute diverses voies pour favoriser un dépassement des unilatéralités dont il s’agit. Me concernant en tout cas, et vis-à-vis des événements en Ukraine notamment, c’est suite à la lecture d’une approche qualifiable d’anthroposophique que je pense être parvenu à un tel dépassement, dans une certaine mesure. C’est par la suite seulement que je viendrai à cette approche, notamment pour éviter que le lecteur puisse, dès le début, être influencé par d’éventuelles opinions à propos de l’auteur dont il s’agit. Dans ce texte et les suivants, je me limiterai à présenter les données découvertes.
Sources, crédibilité, probabilités
Concernant les données évoquées, la première question est bien sûr celle de leur fiabilité, la question de savoir si elles correspondent à des faits. On ne peut sans doute parler que de probabilités, en particulier concernant les événements liés à des intérêts très puissants, avec tout ce que cela implique comme propagande et risque de falsifications, des deux côtés ; la question est donc de savoir quels sont les faits les plus probables, les sources les plus vraisemblablement qualitatives. Nous aborderons cette question de différentes façons, mais pour cette fois, nous partirons d’une démarche bien déterminée. Celle-ci consistera à nous pencher – avant d’en venir à une part de l’histoire ukrainienne – sur une histoire qui, elle, n’est globalement pas controversée, ou l’est en tout cas beaucoup moins. Nous allons voir que cette démarche fera apparaître comme très vraisemblables – et même très probables – les données qui seront présentées ensuite, à propos d’une part de l’historique des difficultés et conflits en Ukraine. (En outre, concernant les habitants de Belgique, l’histoire sur laquelle nous allons nous pencher est très proche de nous, et nous pouvons aisément trouver de nombreux témoins de ses dernières phases – voir faire partie de tels témoins. Observation qui vaut pour de nombreuses régions où ont longtemps cohabité différentes communautés linguistiques.)
Auparavant, rappelons que, comme évoqué, on ne peut se limiter aux dimensions linguistiques ou ethnolinguistiques. Concernant l’Ukraine, et au sujet de ce qui a souvent été perçu comme opposition entre Russes et Ukrainiens, ou russophones et ukrainophones, Nicolas Werth souligne que, selon lui, il s’agissait d’abord d’une opposition entre État et paysannerie ; ou, dans le même sens, entre milieux urbains et milieux ruraux[3]. Cette réflexion est valable à bien des égards par rapport à l’histoire belge aussi. Mais en même temps, les divisions sociales concernées se recoupent avec celles des langues ; on ne peut donc pas non plus ignorer cette dimension linguistique et ses suites psychologiques (ce qui va aisément apparaître dans ce qui suit).
Éclairages de l’histoire récente en Belgique
Jusqu’au milieu du 20e siècle à peu près, le français était en Belgique la langue favorisant prestige et ascension sociale, tandis que le néerlandais était bien souvent vu comme inférieur et associé à la rusticité[4]. (Ce qui concernait aussi le wallon et le picard notamment[5] ; mais ces langues étant d’origine latine principalement, la situation des néerlandophones – ainsi que des locuteurs du limbourgeois – était encore plus difficile sans doute).
L’exemple de la situation dans l’armée est particulièrement choquant. Jusque durant la Première Guerre mondiale et au-delà encore, les officiers étaient francophones, les soldats néerlandophones – ou encore wallophones, locuteurs du picard, etc. Les soldats néerlandophones recevaient régulièrement des insultes faisant référence à leur appartenance communautaire (p. ex. « cochon flamand », « boche », etc.). De plus, les officiers avaient tendance à donner les ordres en français seulement, d’où toutes sortes de dangereux malentendus possibles. Les journaux qui dénonçaient ces situations s’exposaient à une interdiction de publication. Etc., etc.[6]
Et en remontant dans le passé, on arrive à des choses bien pires encore : une des périodes les plus graves fut celle de la fin du 18e siècle, où le pouvoir français de Napoléon 1er imposa une francisation massive des Flamands, qui suscita des révoltes. Celles-ci furent réprimées dans le sang, des villages entiers furent massacrés[7].
Me concernant, ayant vécu 15 ans dans une commune où le néerlandais (comme langue maternelle) était encore très présent à l’époque (Berchem-Ste Agathe), j’ai connu personnellement des néerlandophones ayant subi le mépris de francophones ou de néerlandophones francisés, qui se moquaient d’eux quand ils parlaient leur langue et les considéraient comme des ruraux mal dégrossis. En outre, transmis par les parents ou grands-parents, le souvenir de la situation des néerlandophones dans l’armée était toujours très vivant.
Si de telles politiques et attitudes ont existé en Belgique et en France notamment, il n’y a sans doute aucune raison que des équivalents n’aient pas pu se produire en Ukraine, où l’historique est très proche : langue ukrainienne longtemps associée à la ruralité, langue russe longtemps associée aux possibilités d’ascension sociale.
Pour toutes ces raisons, les données qui vont suivre bientôt, au sujet de l’Ukraine, méritent certainement d’être prises très au sérieux. Et me concernant, ayant été longtemps centré sur les responsabilités occidentales et ouest-ukrainiennes, dans le conflit actuel, ces données font partie de découvertes extrêmement interpellantes évoquées plus haut.
Références sur la dimension ethnolinguistique
Avant d’en venir aux données en question, penchons-nous sur leur source principale : il s’agit du site géré par le linguiste et sociolinguiste Jacques Leclerc, professeur à l’université de Laval[8]. Ce chercheur n’a certes pas que des qualités ; en particulier, il ignore parfois totalement certains facteurs internationaux déterminants (en particulier le rôle de l’impérialisme étasunien). Par contre, concernant les rapports intercommunautaires au sein des pays abordés, il développe des approches fondées et nuancées, notamment par rapport à l’Ukraine. Concernant ce pays, il défend le bilinguisme dans les régions sensibles, ainsi qu’une solution fédérale. Il traite également des politiques d’ukrainisation ayant suscité la révolte d’une partie des Russes et russophones. Par exemple, au sujet de certaines lois promulguées en Ukraine après 2014, il écrit : « On peut comprendre que la promulgation de ces lois (…) par le président Petro Porochenko ait pu provoquer la colère de la Russie[9] ».
Un autre défaut de J. Leclerc est que, à l’égard d’une partie des données qu’il présente, il semble faire partie des experts se pensant dispensés d’indiquer leurs sources. Il les indique cependant de manière très complète concernant les aspects législatifs liés aux communautés (par exemple en ce qui concerne justement les lois linguistiques promulguées dernièrement en Ukraine)[10]. Par ailleurs, les données qu’il présente rejoignent tout à fait celles d’une spécialiste des langues et cultures ukranienne et russe, Natalya Shevchenko, qui, elle, indique de nombreuses sources, est professeure dans plusieurs universités[11] et paraît particulièrement prudente et nuancée[12]. Mais les approches de J. Leclerc méritent le détour, en ce qu’elles abordent des détails importants qu’on ne trouve pas facilement ailleurs, semble-t-il.
Un passé qu’on ne peut ignorer
Venons-en donc à l’historique évoqué. Nous partirons de la période des tsars. Au sujet de celle-ci, certains la considéreront comme trop éloignée pour qu’il vaille la peine de la prendre en compte. Mais vu la gravité des données concernées, il paraît évident qu’elles ont dû marquer pour longtemps ce qu’on nomme la mémoire collective.
Selon J. Leclerc : « Contrairement à l'Ukraine occidentale, l'Est et le Sud subirent la russification des tsars. Durant deux siècles d'occupation, les décrets (les oukases) se succédèrent pour limiter, voire interdire l'usage de la langue ukrainienne. (...) Afin de favoriser le processus de russification, les autorités russes incitèrent un grand nombre de leurs ressortissants à s'installer dans l'Est de l'Ukraine, notamment pour exploiter ce territoire riche en charbon et en mines de fer (...) Sous le tsar Alexandre Ier, l'enseignement en ukrainien dans les écoles avait déjà été interdit dès 1804, ce qui avait entraîné une dégradation considérable de la culture ukrainienne. (...) Si la politique réformiste d'Alexandre II (de 1855 à 1881) avait pour objectif l'alphabétisation des campagnes, elle excluait les Ukrainiens, sauf s'ils étaient totalement russifiés (...) De fait, à la fin du XIXe siècle, ceux-ci formaient une classe sociale essentiellement rurale, l'ukrainien étant considéré comme la langue de ruraux incultes (...) La politique linguistique impérialiste d'Alexandre II s'intensifia lorsque plusieurs décrets furent publiés pour interdire l'usage de la langue ukrainienne (...) La circulaire Valuev du 18 juillet 1863 constituait un décret du ministre des Affaires intérieures de l'Empire russe (…) par lequel une grande partie des publications en langue ukrainienne était interdite (...) Le tsar Alexandre III (de 1881 à 1894) poursuivit la politique de russification de ses prédécesseurs, mais en y ajoutant (...) l'interdiction de choisir un nom de baptême en ukrainien pour tout nouveau-né. »
Venons à présent à la période soviétique : « Lénine soutenait que, pour affirmer le pouvoir soviétique en Ukraine, il fallait faire des concessions sur la question nationale. La langue ukrainienne fut donc proclamée langue officielle de l’Ukraine (...) [Mais sous Staline sera développée] une politique d’assimilation linguistique (...) La répression commença à s’exercer contre les Ukrainiens et les membres des minorités nationales, notamment les Polonais. Dès 1933, des politiques d'épuration furent engagées (…) Toutes les concessions linguistiques et culturelles accordées aux nationalités non russes furent réduites à néant (…). L’attaque des bolcheviks toucha évidemment l’Académie ukrainienne des sciences, dont presque tous les membres furent poursuivis et liquidés. On leur reprocha une atteinte aux droits des minorités nationales, notamment ceux des russophones. La plupart des recherches linguistiques qui avaient été effectuées au cours des années 1920 furent décrétées "nationalistes" et orientées vers le détachement de l’ukrainien de la langue du "frère russe". Toutes les éditions scientifiques de l’Institut de la langue ukrainienne et de l’Institut des recherches linguistiques furent qualifiées de "fascistes" et détruites. (...) Des Ukrainiens, des Polonais et plusieurs membres des autres minorités ethniques furent déportés. En même temps, Staline fit venir en Ukraine un très grand nombre d'immigrants russophones issus de toutes les régions de l'URSS dans le but de favoriser l'industrialisation de l'Est du pays afin d'exploiter les mines de charbon et de fer. »
Après Staline, Khrouchtchev esquissa une politique plus tolérante, mais cela changea rapidement : « Dès la fin des années 1950, le "dégel" avait déjà pris fin, alors que s'amorçait une politique des nationalités moins libérale : l'assimilation des nationalités non russes au peuple russe et à sa langue. (...) Au cours des deux décennies suivantes, la politique de russification se radicalisa, notamment dans l'enseignement, ce qui affermit encore davantage la position du russe en Ukraine. Le russe dominait dans tous les domaines, qu'il s'agisse de l'école, de l'université, de la recherche scientifique, de la culture, de l'administration publique, de l'économie, des médias, des relations extérieures, etc. »
À partir de 1978, les citoyens ukrainiens notamment bénéficièrent de protections constitutionnelles, mais « durent dans la pratique composer avec la prééminence du russe sur leur territoire. » La situation ne changea vraiment que lors de l’accession à l’indépendance, en 1991. Mais même après cette date, « l’ukrainien n’aura pas, partout sur le territoire de l’Ukraine, le statut réel auquel il aurait droit, notamment dans les oblasts du Sud et de l'Est ».[13]
Tout cela ne doit bien sûr pas faire oublier les exactions et responsabilités ukrainiennes et occidentales. Mais les données qui précèdent montrent sans doute déjà à quel point il est essentiel de ne pas se limiter à ces responsabilités-là ; d'autant plus du fait du rapport de force qui, au long de l'histoire, a existé entre Russie et Ukraine ; rapport qui entraîne que les victimes ont été le plus souvent d'un côté plutôt que de l'autre.
Ces approches seront complétées par les articles qui suivront bientôt.
[1] Voir notamment : Ukraine, Russie, OTAN : prendre de la hauteur (1/2) - Tri-articulation et Ukraine, Russie, OTAN : prendre de la hauteur (2/2) - Tri-articulation
[2] Voir p. ex. Ganser, D., Les guerres illégales de l’OTAN, Demi-Lune, 2017. Le livre est très pertinent et passionnant, concernant les critiques de l’Ouest, et a en outre la qualité (fait rare pour ce type de livre) de comprendre un chapitre sur une guerre menée par une puissance non-occidentale – la guerre soviéto-afghane. Mais cela ne fait qu’un chapitre sur plus d’une quinzaine.
[3] La famine : un fléau ou une arme ? Dialogue entre C. Gousseff & N. Werth – Mémoires en jeu (memoires-en-jeu.com)
[4] La question linguistique en Belgique dans une perspective historique | Cairn.info
[5] Belgique: histoire et conséquences linguistiques (ulaval.ca)
[6] Ibid.
[7] Ibid.
[8] L'aménagement linguistique dans le monde: page d'accueil (ulaval.ca)
[9] Ukraine: données historiques (ulaval.ca)
[10] Voir notamment : Ukraine: Loi sur la langue de 2019 (ulaval.ca)
[11] Natalya SHEVCHENKO | Inalco
[12] L’histoire du bilinguisme en Ukraine et son rôle dans la crise politique d’aujourd’hui | Cairn.info
[13] Pour tous les extraits précédents : Ukraine: données historiques (ulaval.ca)
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- Écrit par : Tri-articulation sociale
- Catégorie : Politique et géopolitique
Nicolas Machiavel
Une série de vidéos qui visent à concevoir sur une toute nouvelle base la notion d'État et son fonctionnement.
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- Écrit par : Daniel Zink
- Catégorie : Politique et géopolitique
Après nous être penché, dans la première partie, sur les rapports OTAN-Russie, nous allons à présent voir de plus le conflit dans l’est de l’Ukraine, avant d'évoquer des pistes vers la paix.
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- Écrit par : Daniel Zink
- Catégorie : Politique et géopolitique
Europe orientale, la nuit (photo de la Nasa. Licence Creative Common).
À l’égard de la guerre en Ukraine, les discours dominants sont particulièrement unilatéraux. Pourtant, comme nous allons le voir, de nombreuses personnalités réputées essaient d’attirer l’attention sur une vision bien plus globale de la situation. Ces personnalités font partie des mondes politique, médiatique et académique notamment. Un élément très interpellant : une grande part de ces gens s’inscrivent dans des tendances très classiques ; et toute une partie d’entre eux sont même favorables, d’habitude, aux influences venant d’outre-Atlantique. Mais malgré tout cela, leurs signaux d’alarme sont bien trop peu relayés par les principaux médias. Pourtant, les faits qui fondent leurs analyses sont vérifiables.
Les informations qui confirment les réalités en question peuvent être trouvées dans les médias classiques, mais elles y sont bien trop peu visibles. Néanmoins, la présence de ces informations dans ces médias permet de les communiquer en se fondant sur des sources reconnues. C’est ce qui a été fait ici, comme cela ressort des nombreuses références, qui sont toutes aisément consultables.
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- Écrit par : Daniel Zink
- Catégorie : Politique et géopolitique
Revisiter les romantiques pour éclairer notre époque
Ami de Goethe, le poète slovaque Ján Kollár exhortait les peuples à développer un maximum d'interactions culturelles : découvrir leurs littératures et arts respectifs, apprendre les langues de leurs voisins... Il écrivit : « Ce n’est qu’en contemplant l’humanité dans sa totalité qu’on devient humain. »[1] Beaucoup cultivaient alors ces idéaux, qui commençaient à imprégner la société. Malgré ça, un siècle plus tard, les nations s’affrontaient dans la folie de la 1ère Guerre mondiale. Qu’est-ce qui avait changé ?
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- Écrit par : Alain Morau
- Catégorie : Politique et géopolitique
La vie politique allemande, si longtemps prévisible et sans relief, connaît ces derniers mois de fortes évolutions, qui révèlent les lourdes tensions politiques dues au décalage entre les Allemands et leur classe politique.
Légende de l'image ci-dessus : « Et si tu ne veux pas être un bon Européen, je te frappe le crâne ! » – Caricature circulant sur Internet en allemand pour brocarder la volonté affichée par Martin Schulz d’exclure de l’UE tout pays membre refusant sa métamorphose en « États-Unis d’Europe » d’ici à 8 ans. |
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- Écrit par : Alain Morau
- Catégorie : Politique et géopolitique
Six mois après les élections parlementaires allemandes du 24 septembre 2017, le gouvernement de la nouvelle législature prend ses fonctions ce 14 mars 2018. Cette longue période de tractations reconduit un gouvernement de « grande coalition » (« Große Koalition » en allemand, dont le diminutif largement utilisé est « GroKo ») qui réunit les deux grands partis, le SPD et la CDU, ainsi que le traditionnel allié de droite de la CDU, la CSU bavaroise.
Après quasiment un semestre de tractations, la montagne n’aurait-elle accouché que d’une souris ?
En réalité, l’enjeu des tractations était capital : répondre au discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron. Dans ce discours, tenu deux jours après les élections allemandes de septembre et clairement tourné vers Berlin, le président français déclarait : « La seule voie qui assure notre avenir […], c’est la refondation d’une Europe souveraine, unie et démocratique. […] Il y a une souveraineté européenne à construire. »
La question posée à l’élite politique allemande était donc : est-ce que l’Allemagne devait suivre le président français dans la voie de la « souveraineté européenne » ?
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- Écrit par : Alain Morau
- Catégorie : Politique et géopolitique
Alain Morau & Stephan Eisenhut – Die Drei, 10/2017.
Version originale en allemand disponible ici
Version française en PDF téléchargeable ici.
Avec l'aimable autorisation des auteurs
Pour la PARTIE 2 de l'article, cliquez ici.
1ère Partie: De l’importance des élections présidentielles françaises de 2017
Cet été Alain Morau a exposé à la Rédaction de Die Drei ses observations sur les élections françaises et son évaluation des arrières-plans de celles-ci. Il en est résulté un dialogue franco-allemand avec Stephan Eisenhut, dont nous voulons présenter le résultat en deux parties. Dans la première partie le regard se porte sur les circonstances de l’élection présidentielle et sur les réseaux agissant en coulisse. L’exemple d’un parti français parfaitement inconnu est exposé pour montrer que les courants politiques défendant la souveraineté de la France contre une stratégie européenne établie de longue date n’ont aucune chance de se faire entendre auprès du grand public. La seconde partie développera l’opposition historique entre Charles de Gaulle et Jean Monet puis la mise en place de la politique de construction de l’UE par la dissolution systématique de la souveraineté des Etats.
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- Écrit par : Alain Morau
- Catégorie : Politique et géopolitique
Alain Morau & Stephan Eisenhut – Die Drei, 11/2017.
Version originale en allemand disponible ici
Version française en PDF téléchargeable ici.
Avec l'aimable autorisation des auteurs
Pour la PARTIE 1 de l'article, cliquez ici.
2ème Partie: «Europe des États» ou bien «Europe des élites» ?
Comme nous l’avons montré dans la première partie, l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence fut rendue possible par l’action de réseaux qui ont tiré certains fils en arrière-plan. Cette seconde partie retrace l’histoire de ces réseaux en suivant l’opposition entre Charles de Gaulle et Jean Monnet. De Gaulle perçut très bien l’intention de Franklin D. Roosevelt et des milieux qui lui étaient associés de transformer la France en protectorat américain. Après un premier échec dû à la résistance trop forte de de Gaulle, cette intention fut poursuivie par la création de réseaux transatlantiques. L’Europe actuelle de Jean Monnet est l’Europe de ces réseaux. L’avenir du continent dépendra de la capacité de séparer vie de l’esprit et vie juridique afin de préserver les États européens de l’influence des groupes d’intérêts économiques.
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- Écrit par : Michel Laloux
- Catégorie : Politique et géopolitique
Pour l’expérimentation d’une démocratie de la société civile
De nombreux évènements locaux et mondiaux montrent que nous sommes entrés dans une période de changements, voire de bouleversements qui ont un impact dans les domaines scientifiques, technologiques, climatiques, etc. Mais dans chaque cas, nous pouvons nous demander si le changement correspond à une transformation ou s’il procède d’une continuation d’une approche ancienne des choses.
Pour ce qui est de la démocratie, il est indispensable de se poser la question, car le mot changement est bien galvaudé. Quel est le candidat à l’élection présidentielle de 2017 qui ne s’en réclame pas ? En politique, les mots sont vidés de leur sens et deviennent des outils de communication, souvent trompeuse. Par exemple, prenons l’expression Démocratie Participative. Elle a été fortement médiatisée par Ségolène Royal, au temps de la présidentielle de 2007. Depuis, elle est employée dans de nombreux contextes et ceux qui aspirent à une autre gouvernance de la chose publique l’utilisent.
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- Écrit par : Michel Laloux
- Catégorie : Politique et géopolitique
Lorsque le mouvement Nuit debout est apparu, je me suis dit: ENFIN !!! Enfin des citoyens se réunissent pour dire non au carcan institutionnel dans lequel ils se sentent enfermés. Puis je me suis demandé : sommes-nous suffisamment réveillés sur la nature de ce carcan? On peut aussi dormir debout. Ou rêver à des lendemains qui chanteront. Par exemple, rêver à une sixième république, qui en appellera une septième, puis une huitième. Nos ancêtres ont attendu jusqu'au seizième Louis. Irons-nous jusqu'à la seizième république pour nous éveiller complètement, pour réaliser que le carcan n'est pas là où nous pensons qu'il se trouve ?
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- Écrit par : Alain Morau
- Catégorie : Politique et géopolitique
La grande illusion de la scène politique en France est le clivage gauche-droite. Le but de cet article est de contribuer à dissiper cette illusion et à présenter le vrai enjeu de l’heure actuelle : la poursuite de la « construction européenne ». Ce processus de fédéralisation forcée transforme en effet les institutions républicaines de France en scène de théâtre permanent et concentre à Bruxelles un pouvoir politique régissant la vie de 500 millions d’Européens.
Cette fédéralisation sera présentée dans une perspective historique des expériences de confédération et de fédération aux 18ème et 19ème siècles
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- Écrit par : Tri-articulation sociale
- Catégorie : Politique et géopolitique
En 1914, les Britanniques affirmèrent entrer en guerre pour voler au secours de la Belgique, pour des raisons humanitaires et en raison du viol de sa neutralité...
À la lumière des faits mentionnés par Terry Boardman lors de sa conférence à Bruxelles le 28/04/2014, il apparaît que les raisons véritables de l'entrée en guerre des Britanniques furent toutes autres !
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- Écrit par : Stéphane Lejoly
- Catégorie : Politique et géopolitique
Métamorphoser le droit de propriété privée des moyens de production de telle façon à ce que celui-ci soit attribué, sans acte d’achat marchand, à une personne aussi longtemps que celle-ci sera en mesure d’y consacrer ses capacités individuelles dans l’intérêt de la collectivité : tel est un des buts ambitieux que s’est donnée l’ONG « Chante Terre » au moment de sa fondation, et qu’elle tente d’appliquer sur le terrain.
Mais comment concilier la liberté d’initiative et la créativité du propriétaire privé d’une part, et « l’intérêt collectif » d’autre part ? Comment gérer ces relations sociales dans la pratique et qui les gère ? Des pistes de réflexion et d’implémentation de cette forme novatrice de droit de propriété privée sont esquissées ici dans leurs grandes lignes laissant entrevoir de nouvelles perspectives de relations aux moyens de production et au capital.
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- Écrit par : Pierre Dagallier
- Catégorie : Politique et géopolitique
La vie politique est jonchée d’écueils, dans le domaine des alliances, motivées pourtant par des élans généreux, simplement parce que l’affrontement des égos ne peut pas conduire à des ralliements qui sont considérés comme des échecs, des soumissions, des emprises des uns sur les autres.
C’est juste normal car la politique est un état de guerre permanent, un théâtre d’affrontement d’idées mais aussi de personnalités.
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- Écrit par : Stéphane Lejoly
- Catégorie : Politique et géopolitique
A la demande de participants au congrès pour la tripartition sociale (septembre 2008), une partie des slides portant sur le thème "La Belgique au bord du gouffre ou au seuil de la triarticulation sociale" sont mis en ligne ci-dessous:
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- Écrit par : Tri-articulation sociale
- Catégorie : Économie associative - associante
Et si ce que nous croyons être l'économie n'était justement pas l'économie ? Ci-dessous des vidéos qui montrent notamment ce qui ne devrait plus intervenir dans l'économie, pour que celle-ci puisse manifester ce qu'elle est dans sa nature: un processus purement humain, où ce que produisent les uns sert toujours les autres... et vice versa.
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- Écrit par : Bernard Prieur
- Catégorie : Économie associative - associante
L'ère industrielle a véritablement décollé après la révolution française c'est-à-dire il y a, à peu près, 200 ans (c'est hier à l'échelle de l'humanité). Assez rapidement, dans l'économie, l'industrie a remplacé l'agriculture qui était pourtant le fondement de ce système. De nos jours c'est l'industrie qui règne en maître sur notre planète, et c'est elle qui dicte ses lois (elle-même, d'ailleurs, remplacée par la finance).
Progressivement, elle a imposé ses visions dans un domaine qui lui est pourtant totalement étranger: l'agriculture. En effet, si l'industrie exploite et met en valeur les produits du sous-sol (matière inanimée), l'agriculture, elle, s'intéresse aux productions du sol (matière animée, vivante). Les lois ne sont pas du tout les mêmes (on passe du binaire au ternaire).

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- Écrit par : Stéphane Lejoly
- Catégorie : Économie associative - associante
Note : l'OMC (organisation mondiale du commerce) remplace le G.A.T.T. (l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) depuis 1995
Certaines formes d’organisation de la vie économique tendent perpétuellement à mettre les hommes dans une attitude de dépendance passive à l’égard d’institutions extérieures ou de l’État. Ces situations de dépendance passive ont pour effet, entre autres, de contribuer à étouffer leur sens social et leur volonté de solidarité, voire aussi de les plonger dans certaines formes de misère économique. Une telle organisation de l’économie peut donc être à l’antipode d’une fraternité économique fondée sur une participation individuelle, plus consciente et volontaire des personnes. Nous examinons dans cet article au moyen de quelques exemples dans le secteur de l’agriculture
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- Écrit par : Stéphane Lejoly
- Catégorie : Économie associative - associante
Et si les circuits courts ne présentaient pas que des avantages ? Un aperçu des dommages occasionnés par certains circuits courts et des pistes de solutions possibles.
Une tentative aussi de répondre à la question : faut-il intégrer les distributeurs au sein des associations économiques ?

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- Écrit par : Stéphane Lejoly
- Catégorie : Économie associative - associante
Comment les êtres humains peuvent-ils s'organiser pour structurer et organiser la vie économique dans un sens mutuellement avantageux pour tous ? Cet article décrit les notions de base relatives aux associations économiques.
Contexte de départ : l’évolution actuelle de la vie économique.
Par la division du travail, toujours plus prononcée au cours des siècles, le travail de chaque être humain devient d’autant plus spécialisé.
L’un produit des billes d’aciers, qu’un autre utilisera pour fabriquer des roulements, ceux-ci à leurs tours utilisés dans des applications très diverses par d’autres travailleurs spécialisés : la réparation de véhicules, l’ouverture et la fermeture de portes, la fabrication de prothèses…
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- Écrit par : Anonymous Triarticulous
- Catégorie : Économie associative - associante
D’emblée mettons les pieds dans le plat et posons la question suivante : qu’est-ce qu’un circuit « court », qu’est-ce un circuit « long »?
Pour trouver la réponse à cette question, quelques exemples de situations type, bien concrètes, peuvent s’avérer une aide précieuse et vont s'avérer bien surprenants !
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- Écrit par : Pierre Dagallier
- Catégorie : Économie associative - associante
Bonne nouvelle : nous sommes tous des associés économiques !
L’exemple de la relation de réciprocité qui existait autrefois entre les maquignons et les éleveurs dans une vallée alpine montre que, lorsque le territoire est relativement clos, il s’établit des liens économiques respectueux de la « durabilité » de l’activité des uns et des autres. Le marchand de bestiaux ne peut pas ruiner les éleveurs qui le fournissent sans mettre sa propre activité en péril, et réciproquement.
Quand la vallée s’ouvre, car les transports sont plus aisés, que les transactions sont donc moins personnalisées, l’un peut « griller » sa relation à l’autre en faisant un coup si il peut trouver plus loin de quoi faire de nouvelles affaires.
Les relations économiques deviennent opaques, les réciprocités ne se voient plus, la « main invisible du marché » se met en route.
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- Écrit par : Stéphane Lejoly
- Catégorie : Économie associative - associante
À la date du 20 octobre 2012, la page Wikipedia en langue française relative aux AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) comporte (ou comportait) de nombreuses inexactitudes et omissions sous le titre « historique », principalement quant à l'origine des CSA (Community supported agriculture).
La page en langue anglaise de Wikipedia sur les CSA est nettement plus exacte et complète (http://en.wikipedia.org/wiki/Community-supported_agriculture). Le présent article est une traduction en langue française du passage de cette page relatif à l'historique des CSA, suivi notamment d'un extrait de la page relative à l'historique des AMAP en France.
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- Écrit par : Tri-articulation sociale
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
Une série de vidéos qui permettent de comprendre la nature de la monnaie et sur cette base de concevoir les pistes en vue d'assainir l'économie par... une révolution dans la monnaie.
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- Écrit par : Bonnamour Bernard
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
Une série de Bernard Bonnamour.
Le premier épisode de la série, "L'argent et l'économie", est en accès libre (gratuit).
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- Écrit par : Michel Laloux
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
Le film DEMAIN a marqué les esprits, déclenchant beaucoup d’espoir. Plus d’un million de spectateurs ont vu que la société civile est résiliente. Elle est créative et trouve des solutions en dehors des circuits politiques et financiers habituels. Ce film met en évidence qu’un autre monde est en train de voir le jour. Par contraste, il souligne le décalage avec les modes de pensées des gouvernants dont on voit de plus en plus qu’ils n’ont plus de prise sur le cours des choses.
Cette impression de vie qui jaillit de DEMAIN ne doit pourtant pas nous faire tomber dans un optimisme simpliste. Car beaucoup de questions restent posées dans de nombreux domaines, en particulier dans celui de la monnaie, laquelle est la clé de toute transformation sociale qui voudrait s’inscrire dans la durée. Or ce qui est dit à ce sujet dans le film contient plusieurs problèmes. Il faudrait beaucoup plus qu’un article pour en traiter tous les aspects. Je relèverai seulement trois points.
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- Écrit par : Michel Laloux
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
Version 1.1
Michel Laloux[1]
Dans la nuit du 12 au 13 juillet 2015, la « stratégie du choc »[2] a encore frappé et, cette fois, au niveau de toute l’Europe. Un message violent a été asséné aux peuples d’Europe. Ce message est celui qui est répété inlassablement depuis Margareth Thatcher, et même depuis Bretton Woods : There Is No Alternative (TINA)[3]. Les négociateurs Grecs ont cru pouvoir faire bouger les lignes. Ils pensaient qu’une impulsion populaire forte et une habileté tactique suffiraient. Il aura fallu six mois de négociations pour parvenir à la victoire par K.O., la seule méthode que le monde de la finance connaisse. Maintenant les peuples d’Europe le savent : There Is No Alternative. « Avez-vous enfin compris ? », tel est le message qui résonne après cette longue nuit qui a vu les dirigeants grecs capituler sur tous les points importants alors qu’ils venaient d’obtenir un mandat populaire clair pour n’en accepter aucun. Le paradoxe est tellement énorme qu’il souligne encore plus la puissance de la sphère financière. Il montre aussi que celle-ci est au-dessus des peuples et des parlements. Elle affirme sans ambigüité qu’en dehors d’elle, il n’y a point de salut.
Il y avait quelque chose de pitoyable à voir Alexis Tsipras déclarer : « J’assume la responsabilité pour un texte auquel je ne crois pas ». N’est-ce pas une autre façon de dire TINA ?
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- Écrit par : Michel Laloux
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
Michel Laloux [1]
On the night of July 12 to 13, 2015, the "Shock Doctrine"[2] struck again, and this time at the level of Europe. A strong message was firmly delivered to the people of Europe. This message has been endlessly repeated since the time of Margaret Thatcher, and even since Bretton Woods: “There Is No Alternative” (TINA)[3]. The Greek negotiators thought they could shift the lines. They thought that a strong popular impulse and tactical skill would suffice. It took six months of negotiations to reach the knockout victory, by the only method that the world of finance knows. Now the people of Europe know : “There Is No Alternative". “Have you finally understood?", this is the message that resonates after the long night, which saw Greek leaders capitulate on all important points, just when they had just got a clear popular mandate to refuse any of these points. The paradox is so huge, that it further underscores the power of the financial domain. It shows that finance is above peoples and parliaments. It affirms unambiguously that there is no salvation outside of it.
It was pitiful to see Alexis Tsipras declare,"I take responsibility for signing a document that I do not believe in, and that I have to implement". Is this not another way of saying TINA?
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- Écrit par : Stéphane Lejoly
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
Aucun gouvernement, Parlement, mouvement politique, État ou peuple, ne peut parvenir à modifier substantiellement les lois ou leurs modalités d’application, ou prendre certaines décisions, sans être immédiatement confronté au verdict des marchés financiers : dans n’importe quel domaine, toute mesure qui leur serait par trop défavorable directement ou indirectement, entraînerait inéluctablement, et ce, dans un délai court, une tendance à la réduction des investissements, à la fuite des capitaux et à une augmentation des intérêts sur les prêts qu’ils consentent.
Tant que ce problème, notamment, ne sera pas « résolu » à sa racine, il demeurera impossible, même avec la meilleure volonté politique et/ou populaire, de sortir des ornières actuelles, qui constituent le terreau dont naissent les crises financières, économiques, sociales, culturelles et environnementales désastreuses que nous connaissons. Ceci est vrai aussi bien pour la Grèce, l'Italie ou n'importe quel pays dans le monde.
Sommes-nous face à une situation définitivement sans issues ou existe-t-il une ou plusieurs solutions crédibles pour sortir de cette impasse ?
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- Écrit par : Stéphane Lejoly
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
An article by Stéphane Lejoly
Translation : Philippe E. A. Lheureux
French version of this article :
http://www.economiematin.fr/news-depolluer-leconomie-revolution-dans-la-monnaie
No Government, Parliament, political movement, State or people, can substantially modify their laws or application modalities, or take certain decisions, without being immediately confronted to the verdicts of financial markets: in whatever domain, any measure which would be too unfavourable to them, be it directly or indirectly, would inevitable lead to, and this within a very short delay, to a tendency to reduce their investments, to withdraw capital and to increase the interest rates on the loans they consent.
As long as this problem, amongst others, wouldn’t be “resolved” at its root, it will remain impossible, even with the best political and/or popular vote, to get out of the current rut, which constitute the soil on which flourishes disastrous financial, economic, social, cultural crisis’s such as we know them.
Are we in front of a situation with definitely no issue or does there exist one or more credible solutions to get out of this dead end?
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- Écrit par : Martin Bernard
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
Il est bien rare, dans les journaux ou à la télévision, d’entendre parler de finance solidaire ou d’économie fraternelle, tant de nos jours la solidarité et la fraternité semblent contraires à la définition même de l’économie. Partout en Europe et dans le monde pourtant, de nombreuses entités œuvrent à la réconciliation de ces notions, cherchant, en période de crise, à redéfinir et à développer sur le terrain de nouvelles manières de faire de l’économie. C’est le cas en France de la société financière La Nouvelle Economie Fraternelle (NEF). Son ambition est même à terme de mettre sur pied un organe européen d’économie sociale et solidaire, qui serait intitulé Banque Ethique Européenne (BEE). Décryptage.

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- Écrit par : Sylvain Coiplet
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
L'argent a une longue histoire. D'abord émis par les temples, il l'a ensuite été par les Etats. Ceux-ci ont fini par en perdre le contrôle : depuis des années le sort de leurs monnaies se décide sur le marché international. Le résultat est si catastrophique que certains ont tendance à idéaliser le passé. Personne n'envisage bien sûr de redonner à une quelconque église le contrôle d'une monnaie. Nombreux sont par contre ceux qui rêvent d'une restauration du contrôle démocratique. La véritable alternative est ailleurs : travailler à une économie assez responsable pour venir elle-même à bout de problèmes comme l'inflation et la spéculation monétaire. Une proposition serait de donner à l'argent une date d'échéance.
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- Écrit par : Stéphane Lejoly
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
Version 1.1 – Avril 2013
Une partie des dettes ne sera jamais remboursée
Le 28 mars 2013, après plus de dix longues journées de blocage des comptes bancaires de toutes les banques du pays, le gouvernement chypriote décide du scénario qui sera finalement appliqué pour éviter la faillite du système bancaire[1], sur base du plan de l’Union européenne :
- Dans les deux plus importantes banques du pays, les dépôts bancaires en dessous de 100.000,00€ (montant garanti dans toutes les banques de l’Union européenne), seront exemptés de toute ponction financière.
- Par contre, les sommes déposées au delà de 100.000,00€, seront transférées vers une nouvelle institution bancaire. Une partie conséquente de ces dépôts (entre 20 et 40% est-il estimé dans un premier temps… ensuite l’estimation porte jusqu’à 60% !) ne sera jamais remboursée aux déposants, mais ponctionnée (et censée rapporter 5,8 milliards d'euros) pour rembourser les créances des deux banques précitées, arrivant à échéance. Il sera possible ainsi d’éviter la faillite pure et simple du système bancaire chypriote. C’est à ces conditions que l’Union européenne accepte in extremis d’accorder un prêt de dix milliards d’euros lui aussi indispensable, pour financer les banques endettées.
Jeudi 11 avril 2013, coup de théâtre :
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- Écrit par : Michel Laloux
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
Les multiples disfonctionnements de l'économie se cristallisent actuellement en plusieurs points de la vie sociale. Parmi eux, il y a, bien sûr, la dette des États. Cette crise a plusieurs causes et chacune a contribué à lui faire prendre des proportions abyssales. Citons, notamment, l'interdiction pour les Banques Centrales des pays de l'UE, en particulier la BCE, de créer de la monnaie qui serait mise à disposition des États, à taux faibles, voire sans intérêts. Par exemple, la dette française s'élève à près de 1'700 milliards d'Euros. Si, depuis 1973, l'État avait pu emprunter à taux zéro, la dette serait de 250 milliards. La différence est énorme et l'impact sur l'économie serait bien différent. La France ne consacrerait pas la totalité de l'impôt sur les sociétés, soit 45 milliards en 2011, à payer les intérêts annuels de sa dette.
Mais ces faits sont, en eux-mêmes, des causes secondaires, voire tertiaires. Derrière eux, se trouve notre façon de concevoir l'économie. C'est d'elle que tout le reste découle. Or si l'on y regarde de plus près, il s'avère que la pensée économique n'est pas suffisamment précise pour être en mesure de remonter aux causes premières. Nous allons l'illustrer en prenant un exemple particulier.
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- Écrit par : Michel Laloux
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
Le dimanche 11 Mars 2012, une journée sur les alternatives économiques a été organisée par la ferme biologique de la Rauze dans le Lot (France) (Serge, Pascale et Jacques Moulènes).
Michel Laloux y fait une conférence dans laquelle il aborde une toute nouvelle façon de concevoir la circulation de la monnaie (toute nouvelle pour l'extrême majorité des êtres humains…). En voici des extraits ci-dessous (la conférence n'est pas reproduite dans son intégralité, certains passages n'ont pas été enregistrés).
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- Écrit par : Michel Laloux
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
De même que la nature est polluée par une indutrie et des modes de consommations qui ne la respectent pas, de même l'économie est polluée par la financiarisation et la spéculation qui lui sont étrangères par nature.
Ces deux types de pollutions ont des causes communes.
Pour y remédier nous devons développer des outils concrets et une mobilisation citoyenne ciblée.
Dans cette excellente vidéo d'introduction, Michel Laloux nous fait découvrir une nouvelle pensée économique.
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- Écrit par : Michel Laloux
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
La volonté du peuple grec exprimée dans les urnes a-t-elle des chances d’être entendue par l’Europe ?
Négociations, tractations … deux pas en arrière, un pas en avant ! La Grèce a-t-elle une chance d’obtenir plus que des victoires à la Pyrrhus ?
Pour Michel Laloux, la réponse est non, sauf à changer de logique et à oser prendre les mesures qui la rendraient indépendante de la sphère financière.
Découvrez les 4 mesures proposées par Michel Laloux dans cette vidéo.
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- Écrit par : Michel Laloux
- Catégorie : Dette / Monnaie et ou argent
Pour une économie au service de la société.
Le réseau Financité (Belgique) a invité Michel Laloux pour une série de conférences sur le thème Révolutionner la monnaie. La vidéo que vous allez voir a été enregistrée à Soignies le 3 décembre 2015.
Parmi ses activités, le réseau Financité soutient les organisations de la société civile qui créent des monnaies complémentaires en Belgique francophone. Il était demandé à Michel Laloux d’apporter un point de vue contradictoire sur ce thème. Dans cette vidéo, Michel Laloux va le faire en élargissant considérablement la question et en apportant des points de vue nouveau sur la monnaie et sur ce qu’elle pourrait être. Il propose une véritable révolution dans la monnaie, indispensable pour le développement de ce qu’il appelle une Économie à Valeurs Ajoutées Humaines.
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- Écrit par : Marc Desaules
- Catégorie : Revenu de base
Nous vivons à une époque de prix bas. Moins il faut payer pour quelque chose, mieux c’est – ce n’est pas là seulement l’expression d’une opinion générale, mais le dogme scientifique de l’économie d’aujourd’hui. Cette énorme pression sur les prix laisse entre autres toujours moins à disposition de celles et ceux qui travaillent. Et le manque à gagner conduit alors nécessairement à un endettement qui croît partout et devient phénomène omniprésent de moins en moins maîtrisable. La spirale s’est déjà étendue à un tel point, qu’au niveau des États, seule l’injection d’argent nouveau redonne encore une bouffée d’air. L’argent n’a pas seulement au cours du temps reçu une valeur pour lui-même, il est maintenant pour ainsi dire devenu source de vie, enchaînant encore plus l’être humain à son propre égoïsme et le contraignant à la lutte pour l’existence.

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- Écrit par : Michel Laloux
- Catégorie : Revenu de base
Par Michel Laloux[1]
On peut caractériser les milieux alternatifs comme ceux au sein desquels on cherche à s'affranchir de la pensée unique et où l'on tente d'inventer des solutions nouvelles aux défis que pose la vie. Bien souvent on voit émerger des propositions pertinentes. Mais parfois, ce sont des idées qui semblent s'imposer comme une évidence au point que l'on s'arrête en chemin, sans les penser jusqu'au bout. Elles peuvent alors agir comme une nouvelle pensée unique au sein de mouvements alternatifs.

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- Catégorie : Revenu de base
Un certain nombre de personnes militant en faveur du revenu de base, affirment le faire en s'appuyant à l'origine sur les concepts de la tri-articulation sociale (il s'agit selon elles d'appliquer la séparation entre le travail, d'une part, et le revenu, d'autre part, telle qu'elle peut être comprise et mise en oeuvre grâce aux concepts de la tri-articulation sociale).
Pour d'autres auteurs, se revendiquant aussi de la tri-articulation sociale, le revenu de base, tel qu'il est conçu et présenté par les premières, est un concept radicalement opposé à la tri-articulation sociale ! Si on pense la tri-articulation elle-même jusqu'au bout, on n'en arrive pas au revenu de base tel qu'il est conçu et présenté dans le film ci-dessous ; celui-ci n'aborderait d'ailleurs pas les raisons les plus fondamentales de la séparation entre travail et revenu.
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- Écrit par : Daniel Zink
- Catégorie : Philosophie
« Avec quelle indifférence (…) ne traitons-nous pas souvent la connaissance ; comme si quelque concept que ce soit pouvait être en nous sans agir sur nous, sans avoir de conséquences sur notre vie.[1] »
Friedrich W. J. von Schelling
[Une version plus concise de cet article est accessible en cliquant ici].
La première partie de l’article rappelle que la pensée d’Emmanuel Kant et de ses héritiers mène, tout en prétendant le contraire, à l’idée que la connaissance réelle est impossible ; et qu’ainsi, cette pensée conduit aussi à la perte de l’espoir de pouvoir satisfaire les besoins de l’âme ; en particulier, ses besoins vis-à-vis des questions de la liberté, de l’immortalité, du sens de la vie, ou encore de l’action morale (questions intimement liées entre elles). Cette conviction est renforcée par un passage capital d’un écrit de Nietzsche, dont la découverte a fourni l’une des incitations à la rédaction de ce double article, et dont le cœur consiste en les lignes suivantes, qui jettent sur le kantisme une lumière solaire : « dès que nous apercevrons l’influence populaire de Kant, celle-ci apparaîtra devant nos yeux sous la forme d’un scepticisme et d’un relativisme qui rongent et qui émiettent; et c’est seulement chez les esprits les plus actifs et les plus nobles (...) que se présentera (...) le sentiment de douter et de désespérer de toute vérité, tel que nous le retrouvons par exemple chez Heinrich von Kleist, comme un effet de la philosophie kantienne. »
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- Écrit par : Daniel Zink
- Catégorie : Philosophie
« Avec quelle indifférence (…) ne traitons-nous pas souvent la connaissance ; comme si quelque concept que ce soit pouvait être en nous sans agir sur nous, sans avoir de conséquences sur notre vie.[1] »
Friedrich W. J. von Schelling
[Cet article existe aussi dans une version plus développée, accessible en cliquant ici].
La première partie de l’article rappelle que la pensée d’Emmanuel Kant et de ses héritiers mène, tout en prétendant le contraire, à l’idée que la connaissance est impossible ; nous avons défendu l’idée que cette façon de voir conduit à la perte de l’espoir de pouvoir satisfaire les besoins de l’âme ; en particulier, ses besoins vis-à-vis des questions de la liberté, de l’immortalité, du sens de la vie, ou encore de l’action morale (questions intimement liées entre elles). Cette conviction est renforcée par un passage capital d’un écrit de Nietzsche, dont la découverte a fourni l’une des incitations à la rédaction de ce double article, et dont le cœur consiste en les lignes suivantes, qui jettent sur le kantisme une lumière solaire : « dès que nous apercevrons l’influence populaire de Kant, celle-ci apparaîtra devant nos yeux sous la forme d’un scepticisme et d’un relativisme qui rongent et qui émiettent; et c’est seulement chez les esprits les plus actifs et les plus nobles (...) que se présentera (...) le sentiment de douter et de désespérer de toute vérité, tel que nous le retrouvons par exemple chez Heinrich von Kleist, comme un effet de la philosophie kantienne. »
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- Écrit par : Daniel Zink
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« Quand donc les hommes (…) sauront-ils mesurer de nouveau le sens d’une philosophie à l’étiage de leur « tréfonds le plus sacré » ?[1] »
Friedrich Nietzsche
[Une version plus concise de ce texte est accessible en cliquant ici.]
Les prochains articles sur l'Ukraine suivront bientôt, mais il a semblé important de publier d'abord le présent article. L’une des incitations à sa rédaction a été la découverte d’une interview sur aether.news : « L’anthroposophie ne commence pas avec Rudolf Steiner[1] ». Cette publication est intéressante et en partie pertinente, mais aussi en partie très problématique. La critique qui suit ira cependant bien au-delà de ce qui concerne les mouvements et institutions se réclamant de l’anthroposophie, car les enjeux dont il s’agit concernent la culture de notre époque dans son ensemble. Et à travers la culture et la pensée, ce sont les forces vitales intérieures elles-mêmes qui sont en jeu, d’une manière cruciale.
Ce qu’il y a d’essentiel dans ces enjeux n’a peut-être jamais été aussi bien exprimé que par un grand penseur de notre époque, dont quelques lignes ont fourni la seconde incitation à la rédaction de ce texte : il s’agit de Nietzsche, qui, dans les lignes en question, et comme bien souvent, a su formuler des choses capitales dans une grande clarté, jetant une lumière très puissante sur ce qu’il vise. Et bien que le fait dont il s’agit m’était déjà connu, cette façon dont il l’a exprimé en a fortement intensifié ma conscience. Cela m’a décidé à en traiter une nouvelle fois, plus énergiquement, en mettant en valeur ces paroles de Nietzsche, ainsi qu’en revenant sur un courant philosophique extrêmement influent et très problématique.
Commençons par ce deuxième point, donc ces réflexions de Nietzsche et ce qu’elles peuvent induire en nous. Elles concernent les effets de la pensée d’Emmanuel Kant, sans doute le philosophe le plus déterminant de notre époque. Quelques exemples, émanant de porteurs de la pensée (ou plutôt de l’idéologie) dominante (et égarée) : Luc Ferry a déclaré que l’œuvre de Kant est « impossible à égaler[2] » ; selon Heidegger, ce penseur est « le plus grand philosophe des Lumières, peut-être même le plus grand philosophe tout court[3] » ; Popper lui a dédié l’un de ses ouvrages principaux, La société ouverte et ses ennemis ; Universalis le classe « au rang du petit nombre des très grands philosophes de tous les temps » ; Kant lui-même (dans La critique de la raison pure) qualifie de « révolution copernicienne » son apport à la philosophie ; etc., etc.
Notons d’abord que je suis bien conscient du fait que la pensée de Kant est complexe, que certains éléments se ses conceptions se prêtent à différentes interprétations, et qu’on peut considérer que ces éléments ébauchent des chemins différents de ceux qui découlent de ses écrits pris dans leur ensemble, et, en particulier, de sa théorie de la connaissance. Mais dans cet article, c’est précisément sur ce qui découle de cette œuvre dans son ensemble – et de sa vision de la connaissance –, que nous allons nous centrer. Car il est évident que c’est cela qui a exercé une influence décisive sur la culture de notre époque, non tel ou tel élément isolé de cette philosophie. Même si les idées concernées ont été déjà abordées dans plusieurs articles, sur ce site[4], nous allons nous y arrêter à nouveau, pour tenter, même si courtement, d’en saisir mieux encore la nature.
Coup d’œil sur l’essence du kantisme
Kant établit une séparation radicale et infranchissable entre, d’une part, les choses telles que nous les percevons et nous les représentons (ce qu’il nomme les phénomènes), et, d’autre part, les choses en elles-mêmes, les réalités telles qu’elles sont en elles-mêmes. (Cette séparation est du moins infranchissable du point de vue de la connaissance ; mais pour Kant, le sentiment et la foi permettent d’établir une forme de relation avec le domaine des choses en elles-mêmes. Nous y venons un peu plus loin.) Pourquoi cette séparation ? Car selon ce philosophe et ses héritiers, d’une part, notre sensibilité – organes des sens, système nerveux, cerveau, etc. –, –, notre sensibilité formaterait les choses perçues d’une façon telle que les images, les perceptions que nous avons de ces choses n’auraient finalement plus rien à voir avec les réalités qui les ont causées[5] ; et d’autre part, car nos concepts ne pourraient en aucun cas rejoindre les véritables lois de la réalité, selon le kantisme, mais constitueraient des formes, des relations valables pour l'esprit humain seulement, et que celui-ci imposerait donc aux choses[6].
Cependant, Kant présente les choses d’une manière tout à fait égarante ; car tout en développant ce qui vient d’être résumé, il affirme en même temps qu’une science certaine est néanmoins possible ; en effet, il déclare également qu’une partie des concepts humains peuvent être considérés comme nécessaires et universels[7], et qu’ils peuvent être appliqués aux phénomènes – c’est-à-dire, comme expliqué, aux choses telles qu’elles nous apparaissent, non aux choses en elles-mêmes, qui, elles, restent irréductiblement inconnaissables, selon ce philosophe[8]. Cette science « certaine », de valeur « nécessaire et universelle » dont parle Kant, on peut donc considérer qu’elle constitue, en fait, une vision sur laquelle les êtres humains peuvent se mettre d’accord, car ils possèdent les mêmes concepts, ainsi que les mêmes images ou perceptions des choses.
Mais, se demande-t-on : quelle serait la valeur d’une science qui élaborerait des lois totalement étrangères à la nature ? Et qui appliquerait ces lois à des phénomènes, des perceptions qui ne seraient en fait que des images n’existant que dans notre conscience, sans aucun vrai rapport avec les réalités qui les ont causées ? Et s’il en était ainsi, donc si tout n’était au fond qu’illusion, pourquoi les autres, autour de moi, échapperaient-ils à ce statut ? Qu’est-ce qui me permettrait de dire qu’ils sont à peu près tels qu’ils m’apparaissent, et même qu’ils existent ?
On voit donc que la vision kantienne de la connaissance est fondamentalement contradictoire. Et ce double langage qu’elle tient induit très souvent en erreur, faisant que beaucoup ignorent le scepticisme radical et figé de Kant (figé, car ne favorisant pas la recherche et l’esprit critique, mais la paralysie de la volonté de connaître).
Manifestement, les porteurs du kantisme refusent de voir en face les conséquences de leurs idées de base, en matière de connaissance ; ainsi, ils essaient de maintenir la possibilité d’une science malgré que ces idées de base excluent en fait cette possibilité. Comment de telles contradictions peuvent-elles se maintenir, à travers des siècles ? Une des causes est sans doute celle-ci : celui qui estime que les facultés de connaissance ne sont au fond pas capables d’accéder à la réalité, celui-là ne sera pas enclin à une vraie rigueur, en matière de connaissance ; ainsi, quand il se trouvera face à une contradiction insurmontable, il pourra facilement se dire que, puisque de toute façon nos facultés de connaissance sont en réalité impuissantes, il n’est finalement pas étonnant qu’elles nous mènent à des énigmes irrésolvables.
Venons-en à la solution que Kant tente d’apporter. De même qu’il sépare radicalement phénomènes et choses en elles-mêmes, il sépare tout aussi radicalement connaissance et agir. Il voit bien que l’agir ou la morale est intimement lié à la question du sens de l’existence, et que cette question est elle-même intimement liée à celle de la liberté, de l’âme et de l’immortalité. Étant donné que dans la vision des choses de ce philosophe, le domaine de l’âme est tout particulièrement inconnaissable, il en revient à l’attitude de la foi et au principe du devoir. Il défend en effet l’idée que le domaine en question – donc celui de l’âme – peut être appréhendé par la foi, et que ce domaine se manifeste en nous par le sentiment du devoir moral. De sorte que bien qu’on ne puisse pas, selon ce penseur, se prononcer sur la réalité et la nature de l’âme, de la liberté, de Dieu, etc., on peut néanmoins postuler leur existence et régler sa vie en conséquence[9]. Plus précisément, Kant estime qu’on peut parvenir à une foi en l’idée de liberté par le détour du sentiment du devoir : le devoir nécessitant la liberté pour pouvoir être suivi (car si l’on est entièrement déterminé, on ne peut ni décider d’obéir, ni de désobéir), nous devons croire en la liberté, afin qu’il nous soit possible d’obéir au devoir.[10] Un tel raisonnement n’a bien sûr aucune valeur du point de vue de la connaissance (et Kant ne prétend pas le contraire), d’autant que, disons-le une fois encore, les productions de la pensée, les raisonnements n’ont, selon ce philosophe, aucun rapport avec la réalité des choses. Une déduction faite sur base d’un sentiment comme celui du devoir – ou de toute autre chose –, une telle déduction ne peut donc apporter aucun fondement. Certes, en faisant abstraction de tout cela (mais que reste-t-il alors de la philosophie de Kant ?), on peut considérer qu’une telle attitude de foi a son sens, tant qu’on ne dispose pas de mieux.
Un dépassement radical
Mais comme déjà exposé sur ce site (en particulier dans l’article Connaissance, agir et liberté : une relation primordiale[11]), nous disposons manifestement de bien mieux, notamment grâce au travail épistémologique de Rudolf Steiner, dont une prise en compte plus large est sans aucun doute une grande urgence. (Rappelons que l’épistémologie – ou théorie de la connaissance – est la science qui tente de déterminer si la connaissance est possible, et, si oui, à quelle condition elle l’est.)
Limitons-nous ici à revenir brièvement sur l’un des résultats les plus importants de ce travail épistémologique ; résultat qui constitue sans doute la réfutation la plus radicale du dogme kantien central, c’est-à-dire de l’idée selon laquelle aucune réalité ne se donnerait à nous telle qu’elle est. Il s’agit de cette observation capitale : lorsque l’être humain développe un véritable penser (c’est-à-dire une activité conceptuelle pure, pleinement consciente, excluant toute idée déjà formée et non entièrement élaborée par le moi actif et conscient), lorsque l’être humain procède ainsi, alors, lorsqu’il passe d’une idée à l’autre, il réalise ce passage uniquement en fonction des contenus de ces idées, donc en pleine connaissance de cause[12]. Cela apparaît p. ex. dans un simple calcul mathématique. Dans une simple multiplication p. ex., si elle est pensée de manière vraiment active, on peut observer comme chaque unité ou ensemble d’unités qui intervient est saisi avec clarté, tout comme le sont les rapports qu’on établit entre ces ensembles ; p. ex., deux ensembles de 4 unités chacun, qu’on met dans une relation de multiplication ; un tel exemple se prête bien à faire apparaître la différence entre un penser en tant que vraie activité et une démarche plus passive, simplement reproductrice ; on peut en effet simplement mémoriser, comme lorsqu’on apprend les tables de multiplication, que 4 x 4 = 16 ; mais on peut aussi vérifier le calcul par soi-même, en additionnant réellement 4 ensembles de 4 unités ; dans ce cas-là, aussi simple soit-il, on a déjà accompli un processus en pleine connaissance de cause, un processus auquel le moi pensant participe entièrement.
Ces faits excluent l’action, dans le penser, d’une activité inconsciente qui serait dissimulée au-delà du penser conscient et le dirigerait à son insu, que cette activité soit celle du cerveau ou celle d’un penser « en soi ». (Précision importante : ceci ne revient pas du tout à nier l’existence d’un inconscient, mais à observer que, dans les moments – certes rares – où l’on prend soin de déployer un penser dont on saisit tous les éléments en pleine conscience et activité, on ne peut être déterminé, au niveau de ce penser, par quelque chose d’insconscient).
Conséquences pour la culture, la société et la vie dans son ensemble
Pour mieux saisir l’urgence qu’il y a à prendre réellement en compte le travail épistémologique de Rudolf Steiner, il est important de réfléchir aux conséquences du fait de se limiter à l’attitude préconisée par Kant, donc à une foi et à des postulats. Et de se demander notamment si l’on peut en tirer assez de force pour la vie, sachant que l’impossibilité de la connaissance permet toutes les hypothèses, par rapport à la réalité en elle-même. Ce qui renvoie notamment au problème soulevé par Milton Friedman dans la sphère économique, mais rejoignant tout à fait le domaine de la philosophie : c’est-à-dire le problème de l’infinité des hypothèses possibles, auquel mènent les visions de la connaissance ne permettant pas de trouver un fondement pour celle-ci[13]. Si face à une situation, le nombre d’hypothèses, d’interprétations possibles de cette situation est infini – et c’est visiblement bien à cette situation que mène toute conception selon laquelle la réalité en elle-même est inatteignable –, si ce nombre d’hypothèses possibles est infini, donc, aucun postulat n’aura plus de chance qu’un autre d’être juste ; et par conséquent, la motivation ou l’espoir qu’aurait pu me donner ce postulat disparaîtra certainement.
Par ailleurs, même si une part d’entre nous peut sans doute tirer de tels postulats, au moins temporairement, une certaine motivation pour la vie, il reste bien sûr toutes les questions liées aux actions précises qu’il s’agit de développer, dans les différents domaines. Par exemple, quand on doit choisir entre la vie et la mort : quelle est la valeur de l’existence d’une personne privée d’une part importante ou de la totalité de ses facultés intellectuelles ? Quelle est la valeur possible d’une existence s’accompagnant de grandes souffrances, et où celles-ci dominent ? Ou, concernant la médecine : les maladies sont-elles des phénomènes à seulement réprimer ? Ou bien, comme le défendent diverses traditions et courants, peuvent-elles favoriser le développement de facultés ou d’enseignements essentiels ? Ou encore, comment concevoir un enseignement tel qu’il favorise réellement le développement de tendances morales et de forces vitales ? (La bonne volonté ne semblant pas suffire à la réalisation d’un tel projet, si l’on en juge par l’état des sociétés modernes.) Etc., etc. Des données pour répondre à ces questions ne peuvent être recherchées que dans un domaine de l’âme et de l’esprit ; seul un tel domaine, pour autant qu’il puisse être accessible, pourrait, p. ex., nous éclairer vraiment sur ce qu’une personne peut peut-être tirer de sa vie même si elle était lourdement handicapée, ou bien sur les effets d’un enseignement sur les dimensions profondes de l’être humain, ou encore sur les conséquences d’une maladie, sur ces mêmes dimensions profondes, etc.
De plus, même en laissant de côté les conséquences ultimes soulignées ici (impossibilité, en définitive, de se prononcer sur la nature et même l’existence de ceux qui nous entourent, fait que perceptions comme concepts se réduisent, chez Kant, à de pures illusions finalement), même en laissant de côté ces conséquences, on en reste à des visions hautement problématiques : ceux qui veulent continuer à présenter le kantisme comme cohérent affirment que celui-ci trace simplement la limite entre le domaine qui peut être connu et celui qui se trouve hors de portée de nos facultés de connaissance ; le premier domaine correspondant globalement, dans ce cas, à ce qu’on nomme le monde physique, le second correspondant à la sphère de l’âme, de l’esprit, du divin (pour autant que ceux-ci existent, ce sur quoi le kantisme, en toute logique, ne devrait pas même pouvoir se prononcer) ; mais cette coupure radicale entre monde physique et monde de l’âme et de l’esprit, cette coupure mène à des impasses insurmontables, qu’on peut justement observer à peu près partout, à notre époque. Impasses résultant précisément, sous bien des points de vue, de l’idée qu’on pourrait connaître et traiter le monde physique indépendamment de ce qui vit en lui en tant qu’âme ou esprit. Par exemple, en développant une médecine se limitant aux traitements des symptômes, sans rechercher leurs causes profondes ; en développant une agriculture industrielle, traitant le vivant de manière mécanique et brutale ; en développant une psychologie endormant l’âme avec des médicaments, même quand ce n’est pas inévitable, au lieu de rechercher une vraie compréhension des difficultés psychiques et spirituelles concernées ; en développant des projets mortifères comme ceux du transhumanisme, qui conçoit la conscience comme un produit matériel, qu’il serait possible, en conséquence, d’augmenter ou de faire évoluer avec des moyens purement physiques, notamment informatiques, ce qui est bien sûr une caricature et un renversement complet de tout vrai idéal d’élévation) ; etc. Bref, tout cela nous ramène aux exemples du paragraphe précédent, et fait apparaître que le kantisme favorise en définitive des approches matérialistes.
De plus, disons-le encore une fois, on ne peut oublier que, pensées jusqu’au bout – et même vis-à-vis du monde physique déjà – les visions de Kant mènent à un scepticisme radical, à l’idée que la conscience humaine est en fait entièrement enfermée en elle-même, coupée de la réalité. L’idée que, en critiquant Hume (un sceptique radical), Kant aurait récusé le scepticisme, cette idée favorise une grave illusion. Bien sûr, si l’on tire de la pensée kantienne des éléments isolés (par exemple, l’idée que la connaissance résulte de l’union du concept et de l’expérience), on peut dire que ces éléments peuvent servir à construire une théorie de la connaissance valable ; et il est en effet intéressant de noter la présence de tels éléments, chez Kant. Mais cela ne devrait surtout pas faire oublier les aspects dominants de cette pensée et leurs conséquences.
Une lumière qui démasque et balaie les ombres
Nous arrivons ainsi bientôt aux pensées de Nietzsche annoncées au début. Comme mentionné, leur grand intérêt est d’avoir présenté, en toute clarté et avec une grande force, l’essence des conséquences évoquées. En fait, tout esprit vraiment éveillé devrait être capable de discerner ces contradictions du kantisme et les effets de cette philosophie. Mais l’endormissement régnant à notre époque est tel que, pour une très grande part d’entre nous, ce discernement soit n’a pas lieu, soit a lieu d’une manière vague seulement. De plus, la façon classique et positive de présenter Kant domine tant que beaucoup n’osent pas la mettre vraiment en cause, et encore moins pointer clairement ses contradictions énormes et ses conséquences si délétères. Dans ce sens, on peut ressentir comme un vrai bienfait le fait qu’un grand esprit comme Nietzsche, très reconnu et estimé malgré les diverses critiques qu’on peut lui faire, on peut ressentir comme un grand bienfait qu’un tel esprit ait écrit les mots qui suivent ; mots qui, pour moi, remettent à leur place les louanges dithyrambiques citées plus haut, y compris le qualificatif de révolution philosophique associé à l’œuvre de Kant. Les mots de Nietzsche dont il s’agit :
« Il me semble même que c’est seulement chez un petit nombre d’hommes que l’influence de Kant s’est fait sentir d’une façon vivante, pénétrant le sang et la sève. On affirme partout (…) que depuis l’acte de ce modeste savant, une révolution a éclaté dans tous les domaines intellectuels, mais je ne puis y croire. Car je n’aperçois point d’une façon précise les traces de cette révolution chez les hommes qui devraient pourtant être atteints avant que des domaines entiers aient été révolutionnés. Mais, dès que nous apercevrons l’influence populaire de Kant, celle-ci apparaîtra devant nos yeux sous la forme d’un scepticisme et d’un relativisme qui rongent et qui émiettent ; et c’est seulement chez les esprits les plus actifs et les plus nobles (...) que se présentera (...) le sentiment de douter et de désespérer de toute vérité, tel que nous le retrouvons par exemple chez Heinrich von Kleist, comme un effet de la philosophie kantienne. « Récemment, écrit-il une fois sur le ton saisissant qui lui était coutumier, récemment j’ai pris contact avec la philosophie kantienne et il faut que je te communique mes idées à son sujet, sans devoir craindre qu’elle ne t’ébranle aussi profondément, aussi douloureusement que moi... Nous ne pouvons pas décider si ce que nous appelons vérité est véritablement la vérité ou si elle nous paraît seulement telle. Dans le dernier cas, la vérité que nous cherchons ici-bas n’est plus rien après la mort et tout effort est vain d’acquérir un bien qui nous suit dans la tombe... Si la pointe de cette idée ne touche pas ton cœur, ne souris pas d’un autre qu’elle a blessé profondément, jusqu’en son tréfonds le plus sacré. Mon seul but, mon but le plus sacré, s’est évanoui et je n’en ai plus d’autre. » Quand donc les hommes éprouveront-ils de nouveau de la sorte des sentiments naturels comme ceux qu’éprouva Kleist, quand sauront-ils mesurer de nouveau le sens d’une philosophie à l’étiage de leur « tréfonds le plus sacré » ?[14] »
Oui, désespérer de la possibilité d’une vraie connaissance, c’est-à-dire d’une connaissance des choses dans leur vraie nature, désespérer d’une telle possibilité mène très certainement, en définitive, à un désespoir à l’égard de la vie dans son ensemble, à une perte de toute vraie motivation. Comme le suggère Nietzsche, ce n’est que du fait d’un endormissement intérieur que tant de personnes ne s’en rendent pas compte ; car, du moins à court terme, ce qu’ils pensent ne fait plus vraiment d’effet sur leur âme. Nous viendrons cependant, dans la seconde et dernière partie de cet article, à la question des effets qu’une pensée peut exercer sur le long terme.
Bien sûr, Nietzsche lui-même est très loin d’être exempt de contradictions, et une partie des conceptions qu’il a lui-même développées peuvent elles aussi, très certainement, nuire à l’âme qui ne parvient pas à faire la part des choses. Mais, comme nous venons de le voir, cela n’enlève rien à la lucidité brillante qu’il manifeste face à certains phénomènes.
[1] https://www.aether.news/l-anthroposophie-ne-commence-pas-avec-rudolf-steiner/
[2] https://www.cairn.info/sagesses-d-hier-et-d-aujourd-hui--9782081494091-page-345.htm
[3] Ibid.
[4] https://www.tri-articulation.info/actualite/tous-les-articles/157-philosophie/310-une-cause-voilee-de-declin-de-leffort-de-connaissance ; https://www.tri-articulation.info/actualite/tous-les-articles/157-philosophie/308-dirigismes-sanitaires-et-autres-quelles-causes-philosophiques
[5] Notamment, car, pour Kant, le sujet structure par lui-même les choses suivant le temps et l’espace (qui constitueraient donc non des phénomènes indépendants, mais ce que Kant nomme des formes de la sensibilité du sujet lui-même) : « Nous ne pouvons donc parler d’espace, d’êtres étendus, etc., qu’au point de vue de l’homme » (Kant, E., Critique de la raison pure, 1781, Esthétique transcendantale, § 3), et « Le temps n’est pas un concept (…) général, mais une forme pure de l’intuition sensible » (Ibid., § 4). Les héritiers de Kant ont ensuite fortement étendu ces façons de voir, sur base de théories physiques et biologiques notamment. Voir en particulier Helmoltz, H. v., Les faits dans la perception, 1878, https://www.researchgate.net/publication/278819067_Les_faits_dans_la_perception_Hermann_von_Helmholtz ; voir aussi https://www.erudit.org/fr/revues/hphi/1992-v2-n2-hphi3175/800897ar.pdf
[6] « …l’entendement ne tire pas ses lois (a priori) de la nature, mais (…) les lui impose ». (Prolégomènes à toute métaphysique future, 1783, § 37.)
[7] « La nécessité et l’universalité absolues sont donc des marques certaines de toute connaissance a priori », Kant, E., Critique de la raison pure, introduction, section 2.
[8] « S’il fallait entendre par nature l’existence des choses en elles-mêmes, nous ne pourrions jamais la connaître, ni a priori ni a posteriori. » La « nature » qui, pour Kant, peut être connue, n’est donc qu’un contenu de notre conscience. Et un peu plus loin : « Elle [l’expérience] ne peut donc jamais faire connaître la nature des choses en soi. » (Kant, E., Prolégomènes à toute métaphysique future, 1783, § 14.)
[9] Kant, I, Critique de la raison pratique, 1788 (ces points n’étant pas controversés, je n’ai pas indiqué les passages précis dont il s’agit).
[10] Kant, I, Critique de la raison pratique, 1788 (ces points n’étant pas controversés, je n’ai pas indiqué les passages précis dont il s’agit).
[11] https://www.tri-articulation.info/actualite/tous-les-articles/157-philosophie/309-connaissance-agir-et-liberte-une-relation-primordiale
[12] Steiner, R., La philosophie de la liberté [1893], Novalis, 1993, principalement p. 48 sqq.
[13] Voir notamment https://www.cairn.info/methodologie-economique--9782130391883-page-375.htm
[14] Schopenhauer éducateur, p. 27, dans Considérations inactuelles, Mercure de France, 1922 [sixième édition], Œuvres complètes de Frédéric Nietzsche, Vol. 5, tome 2.
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Friedrich Nietzsche
[Ce texte existe aussi dans une version plus développée, accessible en cliquant ici.]
Les prochains articles sur l'Ukraine suivront bientôt, mais il a semblé important de publier d'abord le présent article. L’une des incitations à sa rédaction a été la découverte d’une interview sur aether.news : « L’anthroposophie ne commence pas avec Rudolf Steiner[2] ». Cette publication est intéressante et en partie pertinente, mais aussi en partie très problématique. La critique qui suit ira cependant bien au-delà de ce qui concerne les mouvements et institutions se réclamant de l’anthroposophie, car les enjeux dont il s’agit concernent la culture de notre époque dans son ensemble. Et à travers la culture et la pensée, ce sont les forces vitales intérieures elles-mêmes qui sont en jeu, d’une manière cruciale.
Ce qu’il y a d’essentiel dans ces enjeux n’a peut-être jamais été aussi bien exprimé que par un grand penseur de notre époque, dont quelques lignes ont fourni la seconde incitation à la rédaction de ce texte : il s’agit de Nietzsche, qui, dans les lignes en question, et comme bien souvent, a su formuler des choses capitales dans une grande clarté, jetant une lumière très puissante sur ce qu’il vise. Et bien que le fait dont il s’agit m’était déjà connu, cette façon dont il l’a exprimé en a fortement intensifié ma conscience. Cela m’a décidé à en traiter une nouvelle fois, plus énergiquement, en mettant en valeur ces paroles de Nietzsche, ainsi qu’en revenant sur un courant philosophique extrêmement influent et très problématique.
Commençons par ce deuxième point, donc ces réflexions de Nietzsche et ce qu’elles peuvent induire en nous. Elles concernent les effets de la pensée d’Emmanuel Kant, sans doute le philosophe le plus déterminant de notre époque. Quelques exemples, émanant de porteurs de la pensée dominante (et égarée) : Luc Ferry a déclaré que l’œuvre de Kant est « impossible à égaler[3] » ; selon Heidegger, ce penseur est « le plus grand philosophe des Lumières, peut-être même le plus grand philosophe tout court[4] » ; Popper lui a dédié l’un de ses ouvrages principaux, La société ouverte et ses ennemis ; Universalis le classe « au rang du petit nombre des très grands philosophes de tous les temps » ; Kant lui-même (dans La critique de la raison pure) qualifie de « révolution copernicienne » son apport à la philosophie ; etc., etc.
Notons d’abord que je suis bien conscient du fait que la pensée de Kant est complexe, que certains éléments se ses conceptions se prêtent à différentes interprétations, et qu’on peut considérer que ces éléments ébauchent des chemins différents de ceux qui découlent de ses écrits pris dans leur ensemble, et, en particulier, de sa théorie de la connaissance. Mais dans cet article, c’est précisément sur ce qui découle de cette œuvre dans son ensemble – et de sa vision de la connaissance –, que nous allons nous centrer. Car il est évident que c’est cela qui a exercé une influence décisive sur la culture de notre époque, non tel ou tel élément isolé de cette philosophie. Même si les idées concernées ont été déjà abordées dans plusieurs articles, sur ce site[5], nous allons nous y arrêter à nouveau, pour tenter, même si courtement, d’en saisir mieux encore la nature.
Coup d’œil sur l’essence du kantisme
Dans le domaine de la connaissance, Kant établit une séparation radicale et infranchissable entre, d’une part, les choses telles que nous les percevons et nous les représentons (ce qu’il nomme les phénomènes), et, d’autre part, les choses en elles-mêmes, les réalités telles qu’elles sont en elles-mêmes. En effet, selon ce philosophe et ses héritiers, d’une part, notre sensibilité – organes des sens, système nerveux, cerveau, etc. –, notre sensibilité formaterait les choses perçues d’une façon telle que les images, les perceptions que nous avons de ces choses n’auraient finalement plus rien à voir avec les réalités qui les ont causées[6] ; et d’autre part, nos concepts ne pourraient en aucun cas rejoindre les véritables lois de la réalité, mais constitueraient des formes, des relations valables pour l'esprit humain seulement, et que celui-ci imposerait donc aux choses[7].
Cependant, Kant présente les choses d’une manière tout à fait égarante ; car tout en développant ce qui vient d’être résumé, il affirme en même temps qu’une science certaine est néanmoins possible ; en effet, il déclare également qu’une partie des concepts humains peuvent être considérés comme nécessaires et universels[8], et qu’ils peuvent être appliqués aux phénomènes – c’est-à-dire, comme expliqué, aux choses telles qu’elles nous apparaissent, non aux choses en elles-mêmes, qui, elles, restent irréductiblement inconnaissables, selon ce philosophe[9]. Cette science « certaine », de valeur « nécessaire et universelle » dont parle Kant, on peut donc considérer qu’elle constitue, en fait, une vision sur laquelle les êtres humains peuvent se mettre d’accord, car ils possèdent les mêmes concepts, ainsi que les mêmes images ou perceptions des choses.
Mais, se demande-t-on : quelle serait la valeur d’une science qui élaborerait des lois totalement étrangères à la nature ? Et qui appliquerait ces lois à des phénomènes, des perceptions qui ne seraient en fait que des images n’existant que dans notre conscience, sans aucun vrai rapport avec les réalités qui les ont causées ? Et s’il en était ainsi, donc si tout n’était au fond qu’illusion, pourquoi les autres, autour de moi, échapperaient-ils à ce statut ? Qu’est-ce qui me permettrait de dire qu’ils sont à peu près tels qu’ils m’apparaissent, et même qu’ils existent ?
On voit donc que la vision kantienne de la connaissance est fondamentalement contradictoire. Et ce double langage qu’elle tient induit très souvent en erreur, faisant que beaucoup ignorent le scepticisme radical et figé de Kant (figé, car ne favorisant pas la recherche et l’esprit critique, mais la paralysie de la volonté de connaître).
Comment de telles contradictions peuvent-elles se maintenir, à travers des siècles ? Une des causes est sans doute celle-ci : celui qui estime que les facultés de connaissance ne sont au fond pas capables d’accéder à la réalité, celui-là ne sera pas enclin à une vraie rigueur, en matière de connaissance.
De même que Kant sépare radicalement phénomènes et choses en elles-mêmes, il sépare tout aussi radicalement connaissance et agir. Il voit bien que l’agir ou la morale est intimement lié à la question du sens de l’existence, et que cette question est elle-même intimement liée à celle de la liberté, de l’âme et de l’immortalité. Mais étant donné que dans sa vision des choses, le domaine de l’âme est tout particulièrement inconnaissable, Kant en revient à l’attitude de la foi et au principe du devoir. Il défend en effet l’idée que le domaine en question – donc celui de l’âme – peut être appréhendé par la foi, et que ce domaine se manifeste en nous par le sentiment du devoir moral. De sorte que bien qu’on ne puisse pas, selon ce penseur, se prononcer sur la réalité et la nature de l’âme, de la liberté, de Dieu, etc., on peut néanmoins postuler leur existence et régler sa vie en conséquence[10].
Certes, en faisant abstraction de tout ce qui précède (c’est-à-dire notamment de l’absence totale de lien entre la pensée et la réalité en elle-même, etc.) – mais que reste-t-il alors de la philosophie de Kant ? –, en faisant abstraction de toute cela, on peut considérer qu’une telle attitude de foi a son sens, tant qu’on ne dispose pas de mieux.
Un dépassement radical
Mais comme déjà exposé sur ce site (en particulier dans l’article Connaissance, agir et liberté : une relation primordiale[11]), nous disposons manifestement de bien mieux, notamment grâce au travail épistémologique de Rudolf Steiner, dont une prise en compte plus large est sans aucun doute une grande urgence. (Rappelons que l’épistémologie – ou théorie de la connaissance – est la science qui tente de déterminer si la connaissance est possible, et, si oui, à quelle condition elle l’est.)
Limitons-nous ici à revenir brièvement sur l’un des résultats les plus importants de ce travail épistémologique ; résultat qui constitue sans doute la réfutation la plus radicale du dogme kantien central, c’est-à-dire de l’idée selon laquelle aucune réalité ne se donnerait à nous telle qu’elle est. Il s’agit de cette observation capitale : lorsque l’être humain développe un véritable penser (c’est-à-dire une activité conceptuelle pure, pleinement consciente, excluant toute idée déjà formée et non entièrement élaborée par le moi actif et conscient), lorsque l’être humain procède ainsi, alors, lorsqu’il passe d’une idée à l’autre, il réalise ce passage uniquement en fonction des contenus de ces idées, donc en pleine connaissance de cause[12]. Cela apparaît p. ex. dans un simple calcul mathématique. Dans une simple multiplication p. ex., si elle est pensée de manière vraiment active, on peut observer comme chaque unité ou ensemble d’unités qui intervient est saisi avec clarté, tout comme le sont les rapports qu’on établit entre ces ensembles ; p. ex., deux ensembles de 4 unités chacun, qu’on met dans une relation de multiplication ; un tel exemple se prête bien à faire apparaître la différence entre un penser en tant que vraie activité et une démarche plus passive, simplement reproductrice ; on peut en effet simplement mémoriser, comme lorsqu’on apprend les tables de multiplication, que 4 x 4 = 16 ; mais on peut aussi vérifier le calcul par soi-même, en additionnant réellement 4 ensembles de 4 unités ; dans ce cas-là, aussi simple soit-il, on a déjà accompli un processus en pleine connaissance de cause, un processus auquel le moi pensant participe entièrement.
Ces faits excluent l’action, dans le penser, d’une activité inconsciente qui serait dissimulée au-delà du penser conscient et le dirigerait à son insu, que cette activité soit celle du cerveau ou celle d’un penser « en soi ». (Précision importante : ceci ne revient pas du tout à nier l’existence d’un inconscient, mais à observer que, dans les moments – certes rares – où l’on prend soin de déployer un penser dont on saisit tous les éléments en pleine conscience et activité, on ne peut être déterminé, au niveau de ce penser, par quelque chose d’insconscient).
Conséquences pour la culture et la vie
Pour mieux saisir l’urgence qu’il y a à prendre réellement en compte le travail épistémologique de Rudolf Steiner, il est important de réfléchir aux conséquences du fait de se limiter à l’attitude préconisée par Kant, donc à une foi et à des postulats. Et de se demander notamment si l’on peut en tirer assez de force pour la vie, sachant que l’impossibilité de la connaissance permet toutes les hypothèses, par rapport à la réalité en elle-même, de sorte qu’aucun postulat n’a plus de chance qu’un autre de correspondre à la réalité.
Par ailleurs, même si une part d’entre nous peut sans doute tirer de tels postulats, au moins temporairement, une certaine motivation pour la vie, il reste bien sûr toutes les questions liées aux actions précises qu’il s’agit de développer, dans les différents domaines. Par exemple, quand on doit choisir entre la vie et la mort : quelle est la valeur de l’existence d’une personne privée d’une part importante ou de la totalité de ses facultés intellectuelles ? Quelle est la valeur possible d’une existence s’accompagnant de grandes souffrances, et où celles-ci dominent ? Ou, concernant la médecine : les maladies sont-elles des phénomènes à seulement réprimer ? Ou bien, comme le défendent diverses traditions et courants, peuvent-elles favoriser le développement de facultés ou d’enseignements essentiels ? Ou encore, comment concevoir un enseignement tel qu’il favorise réellement le développement de tendances morales et de forces vitales ? (La bonne volonté ne semblant pas suffire à la réalisation d’un tel projet, si l’on en juge par l’état des sociétés modernes.) Etc., etc. Toutes ces questions renvoient directement au domaine de l’âme, des essences des choses.
Une lumière qui démasque et balaie les ombres
Nous arrivons ainsi aux pensées de Nietzsche annoncées au début. Comme mentionné, leur grand intérêt est d’avoir présenté, en toute clarté et avec une grande force, l’essence des conséquences évoquées. Étant donné la force avec laquelle les dogmes kantiens dominent, et étant donné la difficulté d’être entendu, quand on les remet en cause, on peut ressentir comme un vrai bienfait le fait qu’un grand esprit comme Nietzsche, très reconnu et estimé malgré les diverses critiques qu’on peut lui faire, on peut ressentir comme un grand bienfait qu’un tel esprit ait écrit les mots qui suivent ; mots qui, pour moi, remettent à leur place les louanges dithyrambiques citées plus haut, y compris le qualificatif de révolution philosophique associé à l’œuvre de Kant. Les mots dont il s’agit :
« Il me semble même que c’est seulement chez un petit nombre d’hommes que l’influence de Kant s’est fait sentir d’une façon vivante, pénétrant le sang et la sève. On affirme partout (…) que depuis l’acte de ce modeste savant, une révolution a éclaté dans tous les domaines intellectuels, mais je ne puis y croire. Car je n’aperçois point d’une façon précise les traces de cette révolution chez les hommes qui devraient pourtant être atteints avant que des domaines entiers aient été révolutionnés. Mais, dès que nous apercevrons l’influence populaire de Kant, celle-ci apparaîtra devant nos yeux sous la forme d’un scepticisme et d’un relativisme qui rongent et qui émiettent ; et c’est seulement chez les esprits les plus actifs et les plus nobles (...) que se présentera (...) le sentiment de douter et de désespérer de toute vérité, tel que nous le retrouvons par exemple chez Heinrich von Kleist, comme un effet de la philosophie kantienne. « Récemment, écrit-il une fois sur le ton saisissant qui lui était coutumier, récemment j’ai pris contact avec la philosophie kantienne et il faut que je te communique mes idées à son sujet, sans devoir craindre qu’elle ne t’ébranle aussi profondément, aussi douloureusement que moi... Nous ne pouvons pas décider si ce que nous appelons vérité est véritablement la vérité ou si elle nous paraît seulement telle. Dans le dernier cas, la vérité que nous cherchons ici-bas n’est plus rien après la mort et tout effort est vain d’acquérir un bien qui nous suit dans la tombe... Si la pointe de cette idée ne touche pas ton cœur, ne souris pas d’un autre qu’elle a blessé profondément, jusqu’en son tréfonds le plus sacré. Mon seul but, mon but le plus sacré, s’est évanoui et je n’en ai plus d’autre. » Quand donc les hommes éprouveront-ils de nouveau de la sorte des sentiments naturels comme ceux qu’éprouva Kleist, quand sauront-ils mesurer de nouveau le sens d’une philosophie à l’étiage de leur « tréfonds le plus sacré » ?[13] »
Oui, désespérer de la possibilité d’une vraie connaissance, c’est-à-dire d’une connaissance des choses dans leur vraie nature, désespérer d’une telle possibilité mène très certainement, en définitive, à un désespoir à l’égard de la vie dans son ensemble. Comme le suggère Nietzsche, ce n’est que du fait d’un endormissement intérieur que tant de personnes ne s’en rendent pas compte ; car, du moins à court terme, ce qu’ils pensent ne fait plus vraiment d’effet sur leur âme. Nous viendrons cependant, dans la seconde et dernière partie de cet article, à la question des effets qu’une pensée peut exercer sur le long terme.
Bien sûr, Nietzsche lui-même est très loin d’être exempt de contradictions, et une partie des conceptions qu’il a lui-même développées peuvent elles aussi, très certainement, nuire à l’âme qui ne parvient pas à faire la part des choses. Mais, comme nous venons de le voir, cela n’enlève rien à la lucidité brillante qu’il manifeste face à certains phénomènes.
DZ
[1] Nietzsche, F., Schopenhauer éducateur, p. 27, dans Considérations inactuelles, Mercure de France, 1922 [sixième édition], Œuvres complètes de Frédéric Nietzsche, Vol. 5, tome 2.
[2] https://www.aether.news/l-anthroposophie-ne-commence-pas-avec-rudolf-steiner/
[3] https://www.cairn.info/sagesses-d-hier-et-d-aujourd-hui--9782081494091-page-345.htm
[4] Ibid.
[5] https://www.tri-articulation.info/actualite/tous-les-articles/157-philosophie/310-une-cause-voilee-de-declin-de-leffort-de-connaissance ; https://www.tri-articulation.info/actualite/tous-les-articles/157-philosophie/308-dirigismes-sanitaires-et-autres-quelles-causes-philosophiques
[6] Notamment, car, pour Kant, le sujet structure par lui-même les choses suivant le temps et l’espace (qui constitueraient donc non des phénomènes indépendants, mais ce que Kant nomme des formes de la sensibilité du sujet lui-même) : « Nous ne pouvons donc parler d’espace, d’êtres étendus, etc., qu’au point de vue de l’homme » (Kant, E., Critique de la raison pure, 1781, Esthétique transcendantale, § 3), et « Le temps n’est pas un concept (…) général, mais une forme pure de l’intuition sensible » (Ibid., § 4). Les héritiers de Kant ont ensuite fortement étendu ces façons de voir, sur base de théories physiques et biologiques notamment. Voir en particulier Helmoltz, H. v., Les faits dans la perception, 1878, https://www.researchgate.net/publication/278819067_Les_faits_dans_la_perception_Hermann_von_Helmholtz ; voir aussi https://www.erudit.org/fr/revues/hphi/1992-v2-n2-hphi3175/800897ar.pdf
[7] « …l’entendement ne tire pas ses lois (a priori) de la nature, mais (…) les lui impose ». (Prolégomènes à toute métaphysique future, 1783, § 37.)
[8] « La nécessité et l’universalité absolues sont donc des marques certaines de toute connaissance a priori », Kant, E., Critique de la raison pure, introduction, section 2.
[9] « S’il fallait entendre par nature l’existence des choses en elles-mêmes, nous ne pourrions jamais la connaître, ni a priori ni a posteriori. » La « nature » qui, pour Kant, peut être connue, n’est donc qu’un contenu de notre conscience. Et un peu plus loin : « Elle [l’expérience] ne peut donc jamais faire connaître la nature des choses en soi. » (Kant, E., Prolégomènes à toute métaphysique future, 1783, § 14.)
[10] Kant, I, Critique de la raison pratique, 1788 (ces points n’étant pas controversés, je n’ai pas indiqué les passages précis dont il s’agit).
[11] https://www.tri-articulation.info/actualite/tous-les-articles/157-philosophie/309-connaissance-agir-et-liberte-une-relation-primordiale
[12] Steiner, R., La philosophie de la liberté [1893], Novalis, 1993, principalement p. 48 sqq.
[13] Schopenhauer éducateur, p. 27, dans Considérations inactuelles, Mercure de France, 1922 [sixième édition], Œuvres complètes de Frédéric Nietzsche, Vol. 5, tome 2.
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- Écrit par : Daniel Zink
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Le premier numéro propose notamment un dossier sur la problématique des vaccins, des germes et des virus. L’accent est mis sur des conceptions différentes de la maladie, en lien avec ses sens possibles, les thérapies alternatives (aux niveaux physique comme psychique), le rapport à la nature, etc. La crise du covid-19 est bien sûr traitée, mais pas du tout exclusivement.
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- Écrit par : Daniel Zink
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Goethe et la science de l’organique
Figure 1 : Tulipes, transformation de la feuille en pétale (dessin de Goethe pour La métamorphose des plantes).
Les approches du monde organique sont très souvent insatisfaisantes. Beaucoup réduisent le vivant à la matière, à ce qui est mort ; beaucoup d’autres considèrent ses lois comme à jamais inconnaissables ; certains parlent d’une unité supérieure, d’un être profond, mais en restant nébuleux et abstrait – ou encore, en tombant dans l’idée que les organismes se développeraient suivant un parcours prédéterminé, vision clairement réfutée par les sciences. Pour aller au-delà de ces différentes impasses, une approche peut tout particulièrement nous aider : celle des travaux scientifiques de Goethe.
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Le kantisme, un scepticisme larvé
Alors que le conformisme et la capitulation face au défi de la connaissance prennent des dimensions particulièrement inquiétantes, il est essentiel de s’interroger sur les causes profondes de ces phénomènes. L’un des courants les plus influents de notre époque joue certainement à cet égard un rôle très déterminant. Nous nous sommes penchés à plusieurs reprises déjà sur ce courant, mais une de ses dimensions particulières n’a alors été qu’évoquée, alors qu’elle mérite qu’on s’y arrête davantage. Il s’agit du fait qu’une des tendances les plus importantes de ce courant n’est pas vraiment déclarée et, ainsi, agit souvent sans qu’on s’en aperçoive.
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- Écrit par : Daniel Zink
- Catégorie : Philosophie
Notre époque est marquée par le dualisme et la fragmentation. Entre autres, on sépare en général la question de la connaissance de celle de l’agir. Mais comment trouver sens et motivation pour l’action, si elle ne peut pas s’éclairer par un savoir reposant sur de vrais fondements ? Ceux qui ressentent qu’une telle division est profondément erronée pourront trouver un fort intérêt à l’approche de Rudolf Steiner, dont plusieurs ouvrages fondamentaux sont consacrés à ces enjeux. Voici une présentation très synthétique (et donc très simplifiée) de plusieurs idées centrales de sa théorie de la connaissance, ainsi que de quelques éléments de sa conception de la liberté.
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L’urgence de dépasser des visions qui paralysent
L’un des traits les plus frappants des politiques sanitaires actuelles : une concentration extrême du pouvoir dans les mains d’une classe politico-scientifique. Une classe qui impose ses décisions et ses points de vue, en les présentant comme des consensus de la communauté scientifique. Ce qu’ils ne sont absolument pas, puisque de nombreux experts critiquent fortement les politiques sanitaires en question[1]. Et même si ces visions faisaient plus ou moins consensus, une démocratie devrait maintenir la liberté de choix individuel, dans le domaine des traitements médicaux notamment (liberté importante notamment car la majorité de la communauté scientifique d’une époque peut se tromper à différents niveaux). Cette situation suscite une résistance, mais beaucoup y assistent passivement, voire donnent leur assentiment. Parmi les causes les plus importantes d’une telle passivité, n’y a-t-il pas, avant tout, des facteurs philosophiques ?

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- Écrit par : Daniel Zink
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« Ce que nous nommons Nature est un poème scellé dans une merveilleuse écriture chiffrée. Pourtant, l’énigme pourrait se dévoiler si nous y reconnaissions l’odyssée de l’esprit.[1] »
F. W. v. Schelling
Cet automne 2020 a été lancé un nouveau média qui peut vous intéresser : Esprit et Nature, périodique indépendant basé en particulier sur la science de l’esprit de Rudolf Steiner, les approches goethéennes, ainsi que la philosophie de la Nature (courant de Schelling, Novalis et bien d’autres). L’idée est notamment d’éclairer l’actualité, mais aussi de mettre en valeur des pensées et créations oubliées ; le tout, avec une place importante à l’art et la poésie.
Un des buts est aussi de développer des approches qui puissent intéresser également des personnes non-familiarisées avec ces courants, et qui puissent être entendues par elles sans les déconcerter (ou sans le faire de trop). Ainsi, si la dimension ésotérique n’est pas exclue, il s’agit plutôt de jeter des regards dans sa direction que de la mettre au premier plan.
Un autre objectif est de mettre en valeur les fondements philosophiques et scientifiques des courants mentionnés, mais d’une manière qui, sans tomber dans un excès de simplification, soit aussi accessible que possible.
Le premier numéro propose notamment un dossier sur la problématique des vaccins, des germes et des virus. L’accent est mis sur des conceptions différentes de la maladie, en lien avec ses sens possibles, les thérapies alternatives (aux niveaux physique comme psychique), le rapport à la nature, etc. La crise du covid-19 est bien sûr traitée, mais pas du tout exclusivement. Une des contributions importantes : la santé et la maladie dans la vie et les idées de Goethe – dont les points de vue, dans ces domaines aussi, s’avèrent d’une très grande actualité. Cette édition propose des articles des Drs von Boch et Hardtmuth, de la philosophe, écrivain et docteure Mosmuller, du Dr Incao, ainsi que d’autres auteurs. Tous ces textes sont inédits en français. 80 pages (car numéro spécial de lancement. Les numéros normaux auront une trentaine de page).
L’éditeur responsable est Daniel Zink, licencié en philosophie et traducteur, et auteur d’un mémoire sur la théorie de la connaissance de Rudolf Steiner et ses critiques à la pensée de Kant.
Les sommaires des premières éditions sont accessibles ici.
L'éditorial du premier numéro : https://www.tri-articulation.info/actualite/theme/science/155-sante/300-esprit-et-nature-l-editorial-du-premier-numero
Renseignements :
[1] Système de l’idéalisme transcendantal, Louvain, Peeters, 1978, p. 259.

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- Écrit par : Daniel Zink
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« Nous avons une Révélation plus ancienne que toutes celles qui sont écrites : la Nature.[1] »
Schelling

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- Écrit par : Dr. Incao
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Le grand paradoxe
Derrière l’ensemble des débats et décisions dans le domaine de la santé et de la médecine, aujourd’hui, se cache une grande contradiction scientifique, un grand paradoxe. La médecine reconnaît les faits élémentaires à l’origine de ce paradoxe, mais n’ose pas accepter ses implications inquiétantes et de grande portée. Ainsi, les médias et le grand public sont mal informés, et la médecine et la santé publique poursuivent leurs activités comme si ce paradoxe n’existait pas.

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- Écrit par : Pierre Dagallier
- Catégorie : Santé
Penser la santé, panser l’économie : la stratégie du confinement
Deuxième confinement ? ça ne passe pas : remises en cause des mesures, des bases scientifiques de ces mesures, voire des chiffres statistiques qui les justifient grondent de toutes parts.
Fait significatif, je reçois des appels à pétitions dans deux directions opposées : l’une réclame plus de rigueur dans la gestion de la crise, dans le respect des mesures de confinement décidées, pour éradiquer plus efficacement l’épidémie. L’autre réclame au contraire un retour à la liberté de se déplacer, de travailler, de se cultiver estimant que les sacrifices imposés sont plus nuisibles que l’épidémie elle-même.

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- Écrit par : Alain Morau
- Catégorie : Santé
« Il vaut mieux mourir selon les règles, que de réchapper contre les règles. »
Extrait de L’amour médecin, comédie de MOLIERE (acte II, scène 5)

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- Écrit par : Alain Morau
- Catégorie : Santé
« Nous espérons que l’époque du ‘délire de l’esprit’ est révolue et que les mystères et les dissimulations ne seront plus dorénavant encouragés » - Thomas Wakley, fondateur de la revue médicale The Lancet, dans la préface du premier numéro de 1823.[1]

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- Écrit par : Pascal Perrier
- Catégorie : Santé
Nous traversons une période de folie collective. Espérons que nous parviendrons un jour à ce constat, les crises permettant parfois, même si ce n'est qu'a posteriori, des prises de conscience salutaires. Espérons même que la singularité de ce confinement forcé puisse d'ors et déjà favoriser l'émergence d'une réflexion individuelle sur cette crise que nous traversons.
Il y a peu, de nombreux mouvements sociaux tendaient ici et là à mettre en lumière différents aspects d'une autre crise, une crise sociétale profonde, appelant des réponses concrètes et urgentes. Du jour au lendemain, tout cela a été disqualifié, marginalisé, anéanti même au profit d'une « union sacrée » de tous les « Enfants de la patrie », d'une « guerre » totale contre un virus.
De part cet écrasement soudain des perspectives, qualifier cette période présente de folie collective peut être perçu par beaucoup comme une dangereuse dissidence. Mais le pire en la circonstance, comme en bien d'autres, serait d'y laisser s'anéantir notre esprit démocratique, en refusant par exemple d'examiner ce qui motive cette expression.

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- Écrit par : Pierre Dagallier
- Catégorie : Santé
Face au vécu partagé par toute l’humanité sur la planète, surmonter les inquiétudes est, si ce n’est facile, du moins nécessaire. Des situations individuelles sont tragiques, et les moins bien servis par le « système » sont aussi ceux qui pâtissent le plus de la situation, aux quatre coins du monde. Les médias, avec des spécialistes qui se succèdent sur les antennes ou dans les colonnes à la une, assènent des vérités contradictoires, tandis que les réseaux sociaux regorgent de remises en cause de ces vérités… Le climat social, s’il ne cède pas à la peur et à l’inquiétude, est tapissé de confusion et de doute.
Comment penser ce qui arrive ? Est-ce d’ailleurs possible ? Sans la clarté d’une pensée raisonnable, appropriable par chacun, qui mette en lumière ce qui se joue, un sentiment d’insécurité s’installe, et nous pouvons être désemparés, car en situation d’impuissance, sans prise sur l’environnement familier qui nous accompagne habituellement.
Si la perspective d’atteindre cette clarté fait aussi défaut, alors c’est tout notre édifice individuel, bâtit sur la conscience – de nous-même, de notre environnement- qui peut s’ébranler.
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- Écrit par : Anonymous Triarticulous
- Catégorie : Choquant
La méthode à mettre en œuvre est « relativement simple » et se base sur une information actuellement assez largement diffusée : faire de la production (et de la transformation) en bio local augmente nécessairement le prix des produits, et ce pour diverses raisons, dont notamment :
AVERTISSEMENT : la question sociale est en soit très complexe. Les concepts de la triarticulation sociale (encore appelée tripartition sociale ou trimembrement* social) constituent un outil pour en saisir l'essentiel, et sur cette base, pour en comprendre les détails et agir localement. Les divers auteurs des articles publiés sur ce site tentent de les expliciter et d'en proposer des applications pratiques. Leur compréhension du trimembrement de l'organisme social est susceptible d'évoluer avec le temps. Les auteurs peuvent évidemment aussi se tromper dans leurs interprétations. Le risque d'erreur fait partie de toute démarche de recherche! Nous ne pouvons dès lors qu'inviter les lecteurs à prendre connaissance des concepts à leur source, c'est-à-dire dans les ouvrages de base (voir la bibliographie sommaire).
* Trimembrement, tripartition ou triarticulation sociale, sont des synonymes. L'expression "trimembrement de l'organisme social" est celle qui traduit le plus fidèlement l'expression allemande "Dreigliederung des sozialen Organismus"
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